Livre rouge ancien, f. 123.
Prenons le Livre, & suivons le Philosophe pas-à-pas. […] En ouvrant tous les livres, on voit que l’état de Comédien était vil à Rome*. […] Cette vie active, mais pourtant moins dure, moins règlée que celle de l’Agriculteur, inspire une certaine fierté, qui fait dédaigner tous les arts qui exigent de l’étude, du travail, & qu’on s’y livre tout entier. […] Plus un Peuple est corrompu, plus sa langue est chaste, & plus les Livres obscènes y sont dangereux : les sévices du Gouvernement ne servent qu’à les rendre plus chers, sans les rendre plus rares : je ne vois qu’un remède à ce mal ; ce serait que nos Ecrivains le plus sages abandonnassent, dans leurs Productions, cette prétendue chasteté de la Langue, & que par un vertueux Cynisme, ils ôtassent tout le sel de ces Livres infâmes qu’on ne peut anéantir. […] Cette Réflexion n’a pas échappé à un jeune Auteur qui vient de publier un Livre singulier, intitulé De l’Art du Théâtre : mais il en conclut simplement que la Comédie a précédé la Tragédie.