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63. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement, si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force et véhémence selon leur nature, ou selon leur degré, si les caractères et les mœurs des nations, des âges, des conditions, des sexes et des personnes y sont gardées: si l'action, le temps, et le lieu sont conformes aux règles que les Poètes se sont prescrites pour faire que l'esprit de l'Auditeur n'étant point partagé soit plus susceptible du plaisir, ou de l'instruction qu'on prétend lui donner: si la versification en est belle et pure, et si les vers aident, par leur tour, par leur justesse, par leur son, par leur gravité, par leur douceur, par leur richesse et leur magnificence, par leur agrément, par leur langueur ou par leur vitesse, à la fidélité de la peinture que les pensées qu'ils expriment, doivent faire dans les esprits, ou à l'émotion du cœur qui doit être excité par les sentiments qu'ils représentent. […] Ils y sont même fortifiés, parce qu'ils les voient autorisées par l'exemple, ou par l'approbation, de beaucoup de personnes qui ont une piété feinte, ou peu éclairée; et qui accommodent les maximes de l'Evangile au relâchement de leurs mœurs, au lieu qu'ils devraient former leurs mœurs sur les vérités de l'Evangile. […] C'est une véritable peinture, les paroles y peignent les pensées ; et l'action, les actions et les choses; et si cette définition peut convenir en quelque sorte à l'Histoire et à la fable, le Poème Dramatique a cela de différent d'elles, qu'outre qu'elles ne lui servent que de matière; il nous fait voir les choses comme présentes, que l'Histoire et la fable nous racontent comme passées, et qu'il les représente d'une manière vive, animée, et pour ainsi dire, personnelle; au lieu que l'histoire et la fable ne nous les font voir que d'une manière morte et sans action. […] Il les trouve sèches et insipides, au lieu qu'il court pour ainsi dire, au-devant de celles qui flattent ses passions et qui favorisent ses désirs. […] Les femmes de qualité et de vertu en auraient de l'horreur, au lieu que l'état présent de la Comédie ne faisant aucune peine à la pudeur attachée à leur sexe, elles ne se défendent pas d'un poison aussi dangereux et plus caché que l'autre qu'elles avalent sans le connaître, et qu'elles aiment lors même qu'il les tue.

64. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Il leur semble peut-être que le temps est mauvais, parce que presque dans toutes les Villes les Théâtres, ces lieux infâmes, où l'on fait une profession publique de l'impureté, tombent en ruine, d'où vient cela, sinon de la pauvreté, qui ne leur permet pas de réparer ces lieux qu'ils avaient bâtis autrefois avec une profusion honteuse et sacrilège ? […] Que si cela paraît difficile et fâcheux à quel quelques-uns, il vous sera facile de le faire si vous fuyez les Théâtres, et le Cirque; ces Lieux infâmes qui perdent tout le monde, ou plutôt les Villes ou ces Spectacles sont représentés, et particulièrement les personnes qui se laissent emporter à la passion de ces honteux divertissements. […] S'il arrive qu'en un jour de Fête on fasse des Jeux publics, les Eglises seront elles plus remplies, que les Lieux destinés aux Spectacles ? […] Si un jour de Fête on apprend dans les Eglises, où l'on ne va bien souvent que pour adorer les créatures, qu'il y a de ces divertissements en quelques lieux, l'on méprise le Temple, et l'on court au Théâtre; l'on quitte le Ciel pour aller aux Enfers. L'Eglise est vide en peu de temps, et en moins de temps encore le lieu qui reçoit les Spectateurs au Théâtre est rempli.

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