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328. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

L’auteur avoit recommandé qu’il n’y eût ni or ni argent dans ce qui appartenoit aux Spartiates ; c’étoit même le nœud de la piece : au contraire, en dépit du bon sens & du costume, on galonna tous leurs habits ; au lieu des boucliers de cuivre & des piques de fer, on leur donna des armes dorées, on parsema les boucliers de rubis ; au lieu des décorations villageoises, on fit peindre à neuf une décoration très-jolie, qui représentoit un désert avec deux hutes de charbonniers, d’où l’on vit sortir une petite armée couverte d’or & d’argent ; les intermedes surent exécutés par des danseurs galonnés. […] On ignore en quel lieu se passa leur jeunesse. […] Au lieu des égards, des déférences, du respect qu’ils leur doivent, ils cherchent continuellement à les humilier par des hauteurs, à les fatiguer par des tracasseries, à les décourager par les injustices les plus révoltantes. […] On sait combien ces droits ont été sacrifiés par les Comédiens, & qu’elle effrayante énumération l’on pourroit faire de tous les griefs que les Gens de Lettres auroient à leur reprocher : mais ce n’est pas ici le lieu de se livrer à cette discussion.

329. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Pourquoi ne permettre au génie de se faire entendre que dans un lieu, tandis que les sottises & le mauvais goût ont tant d’endroits pour étaler leurs malheureuses productions ? […] Mais, supposant avec lui que tout languit, que tout est triste sans les femmes, que le souverain bonheur est cette jouissance physique, & dans le fonds il est vrai que cet amour pur est bien rare, quoique les apologistes du Théatre nous aient quelquefois bercé de cette chimere, puisqu’en effet les femmes ne plaisent & ne cherchent à plaire que par les sensations, & qu’elles excitent les plus vives, surtout au Théatre, qui est le regne du seul plaisir physique, dont tous ses amateurs sont épris, que c’est leur vie, leur béatitude, qui les jette dans l’ivresse & le délire ; est-il moins vrai, dans les principes de la Religion, qu’il n’est pas permis d’exciter, de goûter, de désirer, d’attendre ce plaisir physique, d’y penser même volontairement, hors d’un légitime mariage ; par conséquent que le Théatre, où tout le fait naître, où tout s’en occupe, où tout s’en repaît, est le lieu du monde le plus dangereux pour la vertu, & où se commet le plus de péchés ?

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