Tels sont la fuite des occasions du péché, la contagion des mauvais exemples, le poison d’une danse & d’une musique voluptueuses, les attraits séduisans des femmes étalés sur la scène, les traits perçans, des discours, des gestes, des intrigues galans, la licence des compagnies, les dangers d’une vie oisive, dissipée, frivole, tous ces traits épars dans une forêt, ou plutôt un labyrinthe d’extravagances, sont la condamnation évidente du théatre. […] Sur-tout cette fatale passion de l’amour, qui regne sur le théatre, cette passion si naturelle, si commune, si violente ; quel désordre ne cause-t-elle pas, lorsqu’armée des attraits & de la parure des actrices, de la licence des discours & des gestes, d’une danse voluptueuse, des chants efféminés d’une société libertine, elle livrera les plus dangereux assauts ?
Que si sous les yeux et la discipline de maîtres pieux on a tant de peine à régler le théâtre, que sera-ce dans la licence d’une troupe de comédiens, qui n’ont point de règle que celles de leur profit et du plaisir des spectateurs ? […] Le génie des pièces comiques est de chercher la bouffonnerie : César même ne trouvait pas que Térence fût assez plaisant : on veut plus d’emportement dans le risible ; et le goût qu’on avait pour Aristophane et pour Plaute, montre assez à quelle licence dégénère naturellement la plaisanterie.