AVERTISSEMENT Par la date du Privilège que j’ai obtenu pour l’impression de cette Réfutation, il est aisé de voir qu’elle était prête à paraître, lorsqu’on publia la Lettre écrite à Monseigneur l’Archevêque de Paris, pour désavouer celle d’un Théologien qui favorisait la Comédie. Le Public l’attribuait à celui qui l’a désavouée, et j’étais aussi de ce sentiment sur des préjugés qui semblaient assez forts ; mais je ressentis une véritable joie de ce désaveu Iorsqu’il parut, et je doutais même si je ne supprimerais pas entièrement ma Réfutation, et si le tort qu’avait pu causer cette Lettre, n’était pas suffisamment réparé. Cependant comme je vois que ceux qui ont écrit sur cette matière, ne laissent pas pour cela de donner leurs Ouvrages au Public, sans doute parce que les raisonnements de la Lettre subsistent toujours, et qu’on ne doit rien oublier pour les détruire : je me trouve engagé à joindre mon Ouvrage à ceux qui ont déjà paru, croyant qu’on ne peut trop écrire là-dessus, et qu’il est bon pour contenter les goûts différents, qu’on écrive en différentes manières. Au reste je ne combats plus dans ma Réfutation celui qui a désavoué la Lettre avec édification du Public ; mais celui qui en est le véritable Auteur, et non pas tant l’Auteur même que les raisons dont il se sert pour soutenir une si méchante cause.
Lettre à Monsieur *** Il est difficile d’entreprendre la défense d’une bonne cause, qu’on ne trouve des Raisons solides pour la soutenir. […] Vous savez que je les ai prononcés devant des personnes la plupart indignées contre la Lettre qui avait parlé en faveur de la Comédie. […] Au reste, quand on ne ferait paraître aucun ouvrage sur ce sujet, la Lettre du R.P. […] Je ne puis vous exprimer le plaisir que cette Lettre m’a donné : car outre que tout le monde doit être édifié des sentiments humbles et chrétiens dont elle est pleine, je vois avec joie que quelques mots un peu trop forts qui m’avaient échappé dans les Discours ne tombent que sur un Fantôme, et sur un Auteur inconnu, qui pour défendre la Comédie, s’est servi mal à propos du nom ou du moins des qualités d’un Prêtre et d’un Religieux tel que le R. […] IL paraît par la Lettre précédente, que l’Auteur des deux Discours qui suivent ne les estime pas assez pour les faire imprimer.