A l’égard des Spectacles, nous n’avons point de preuves certaines que les femmes, en Grèce, aient monté sur le Théâtre ; les Latins ne nous ont rien laissé qui nous donne lieu d’assurer qu’elles y aient joué parmi eux.
« Ces bouches, disoit madame de Sevigné, ne sont pas faites pour prêcher la vertu, elles sont trop infectes, trop contagieuses pour ne souiller point la pureté et ternir l’éclat de cette précieuse et délicate qualité de l’ame humaine…. » Quel est l’homme assez lâche pour céder à l’impression de la vertu, lorsqu’elle se montre sous de tels dehors, lorsqu’elle s’annonce par de tels organes ; qui avant de se laisser toucher par des propos emphatiques d’une morale romanesque, ne reconnoîtra point l’illusion de ce fantôme, en jetant, suivant l’expression d’un ancien, un coup d’œil sur la vie et les mœurs des farceurs qui l’annoncent ? […] Leurs sens sont tellement occupés des objets qui y ont laissé une impression neuve et profonde ; leur imagination y est tellement absorbée, que vous ne leur entendrez pas dire un mot, pas fixer un œil sur ce qui pourroit les distraire : les caractères les plus gais, les plus actifs à jouir des plaisirs innocens, sont d’une insensibilité repoussante et ne savent plus que méditer…. […] Or telle est, n’en doutez pas, cette fureur des spectacles mimiques qui a gagné toutes les classes des citoyens, qui se déploie avec une fureur qui va toujours en croissant, et dont les effets funestes laissent la plus effrayante empreinte sur ce qu’il vous importe le plus de conserver dans toute sa gloire. […] Calamité presqu’inconnue à nos pères, et qui aujourd’hui, dans une infinité de malheureux, devance le moment de la naissance ; qui attaque l’existence dans sa source, et laisse dans l’ame des observateurs éclairés, l’impression des plus funestes présages sur la destinée de notre espèce.