Ils ne peuvent ignorer le péril extrême que courut Eschyle, ce fameux tragique, qui, pour une impiété contre les Dieux, fut traduit en jugement et traîné au supplice, auquel il ne put échapper que par l’adresse et le courage de son généreux frère. […] Les théâtres du second ordre, qui semblent plus spécialement destinés au petit peuple, et qui, sous ce rapport, devraient être plus châtiés que les autres, n’ont pas même besoin, pour attirer la foule ou fixer l’attention, de recourir à ce coupable artifice, de chercher à provoquer le sourire par l’indécence où l’impiété : son empressement et sa constance à suivre toutes les représentations des pièces dont le sujet est et le plus sérieux et le plus moral, prouvent incontestablement qu’il a naturellement des idées justes, un jugement sain, un cœur droit et pur, que conséquemment on a doublement tort de le corrompre par des spectacles ou grossiers ou contraires aux dogmes religieux. […] Ainsi, l’orateur au barreau, soit qu’il accuse, ou défende l’une des parties amenées en jugement, soit que nouveau Cicéron, il implore la justice ou la clémence d’un autre César, et fasse tomber de ses mains victorieuses l’arrêt de mort porté contre Ligarius ; soit qu’animé par le désir de sauver l’état en péril, il terrasse le parti d’un nouveau Catilina, il est toujours l’appui des lois, le soutien, le protecteur de son pays. […] Mais il lui faut un jugement solennel.
laissons en le jugement à Dieu.