L’Abbé d’Allainval mourant de faim, alla chercher du pain au théatre, & composa pour l’Opera, les Italiens, les François, & ne réussit nulle part. […] Le Libraire appelle le Poëte François, l’Emule de l’Italien qui lui rend l’hommage le plus généreux. […] Voltaire qui veut paroître savoir toutes les langues, & ne sait pas l’Italien, est embarrassé à répondre à la Lettre italienne de l’Abbé Pezzana, & s’en tire comme il peut en vrai Gascon. […] Cet à-peu-près est admirable dans un si habile Répondant à l’Editeur d’Arioste ; il continue : Je n’ose vous répondre dans votre belle langue ; pourquoi non, s’il la sait, parlant à un Auteur qui lui parle italien ? […] Elle paroissoit bien convertie ; elle étoit de bonne maison, Italienne d’origine, & s’appelloit Cupi ; elle prit le nom de sa mere Camargo, Demoiselle Espagnole, plus distinguée que son pere.
Tel est le comique Italien ; aussi chargé d’incidens, mais moins bien intrigué que le comique Espagnol. Ce qui caractérise encore plus le comique Italien, est ce mélange de mœurs nationales, que la communication & la jalousie mutuelle des petits Etats d’Italie, a fait imaginer à leurs Poètes. […] Les Italiens en firent une règle essencielle de leur Théâtre, & la Comédie s’y vit par-là condamnée à la grossière uniformité qu’elle avait eue dans son origine. […] Les Italiens ont eux-mêmes reconnu la supériorité du comique Français ; & tandis que leurs Histrions se soutiennent dans le centre des beaux Arts, Florence les a proscrits de son Théâtre ; & a substitué à leurs Farces les meilleures Comédies de Molière traduites en Italien.