qui regarde l’intention, je ne veux pas ici disputer, à savoir si celui qui joue seulement pour avoir le plaisir du jeu, ou seulement pour gagner au jeu, pèche ; je me contente de dire, qu’ayant déjà souvent instruit l’âme Chrétienne à faire tout ce qu’elle fait avec esprit, et conformément à la raison qui regarde le bien honnête, plutôt que l’utile et le délectable ; elle gardera le même avis en cette-ci, puis qu’elle est obligée de ne faire rien que par la conduite de la droite raison, rapportant le tout à une fin honnête ; comme j'ai déclaré plus amplement au Chapitre sixième de cette seconde Partie, quand j'ai parlé des occupations : et en la première Partie, au Chapitre second, parlant de l’intention.
Il y a environ huit ans, qu’expliquant en leçons publiques, en l’Académie de Leyden, le xx Chapitre du livre de l’Exode, auquel sont contenus les dix Commandements de la loi Moralea ; et remarquant sur un chacun d’eux, tant les vertus commandées, que les vices défendus ; comme je traitais en son ordre, du troisième commandement de la seconde table, où Dieu défend toute impureté et souillure de la chair, et tout ce qui y peut induire ; et par le contraire, recommande la chasteté et pudicité, et tout ce qui l’entretient : je me trouvais obligé à parler des jeux et spectacles publics, esquels jadis ont été représentées diverses passions vicieuses, et notamment celles de l’amour et de la vengeance, ès Comédies et Tragédies ; et examiner sur cela les raisons de ceux qui les condamnent, et les défenses de ceux qui s’y plaisent : reprenant le tout de plus haut, et m’arrêtant aussi sur ce qui continuait en notre temps : ayant eu lors pour but principal, d’en instruire et informer les jeunes hommes, qui se préparaient au service de Dieu, en son Eglise. […] Et d’autant qu’on leur persuade que ce n’est qu’une rigueur de l’humeur chagrine de ceux, qui ont en nos temps, ou ceux de nos pères, travaillé à la réformation des abus en la doctrine et ès mœurs, et qui veulent abolir tous honnêtes plaisirs ; il est à propos qu’ils apprennent, s’ils ne le savent, que tous ceux qui de tous temps ont instruit les peuples Chrétiens, touchant ès bonnes mœurs, ou qui les ont munis contre les vices, ont condamné et détesté, ce qu’on leur propose, non seulement comme tolérable, mais aussi, comme louable et profitable.