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16. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Il s’agit donc d’examiner quelle route à suivie Moliere pour corriger les hommes ; s’il a plutôt fait la guerre au fond du vice qu’au ridicule du vice, c’est-à-dire, toujours suivant mon premier principe, s’il s’est plutôt attaché à inspirer de l’horreur pour le vice, qu’à le rendre ridicule. […] Je prends d’abord la Comédie de l’Avare, & je demande quel doit être le but de cette piece ; on me répond que c’est celui d’inspirer de l’horreur pour l’avarice : voyons si Moliere a réussi. […] J’en appelle au témoignage de ceux qui suivent les Spectacles, si la représentation de cette piece n’inspire pas une vraie horreur de l’hypocrisie. […] Je puis donc conclure d’après ces réflexions, que nos Auteurs comiques en général se sont plutôt attachés à plaire qu’à instruire ; qu’ils ont plutôt tourné les vices en ridicule, qu’ils n’en ont inspiré de l’horreur, & par conséquent qu’ils n’ont point atteint le but que se propose la Comédie.

17. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Quelle régularité peut inspirer le chef des Argonautes qui se produit, dans une tragédie, enflammé d’amour et animé d’une fausse gloire ? […] Bayle, si cher à tous les libertins, dont le cœur était comme dissous dans la corruption, croyait que nos comédies modernes n’ont pas fait beaucoup de mal aux désordres réels ; qu’il n’y a rien même de plus capable de les inspirer, et que, si elles ont corrigé quelques défauts, ces défauts sont certaines qualités qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût et qu’un sot entêtement.

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