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49. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Que si quelqu’un possédé de l’humeur austère des Lacédémoniens qui rejetaient les sauces, les bisques, les confitures, et quelques autres plaisirs innocents de la vie, refusait de l’aller voir, et trouvait qu’il eût terni sa réputation exerçant la Comédie : qu’il écoute les raisons qui l’ont mû à ce faire, elles étoufferont je m’assure aussitôt la calomnie qu’un flambeau ardent est éteint quand on le plonge dans l’eau. […] Entre lesquelles conditions si on en voulait choisir quelques-unes innocentes et exemptes de corruption, ce serait des Comédiens, des Jardiniers, et des Laboureurs : car y a-t-il personne au monde qui n’envie la condition paisible et tranquille de ces gens qui vivent innocemment de leur labeur, les uns apportant leurs choux, leurs arbres, et leurs fleurs aux Halles où à la vallée de Misère, et les autres sur le Théâtre, le travail des plus belles plumes. […] La Comédie n’étant donc mauvaise de soi, qui la voudra blâmer et la traiter plus rigoureusement que les Philosophes Moraux qui l’ont mise au nombre des plaisirs légitimes et des voluptés innocentes, comme la peinture, la sculpture et la musique ?

50. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Il est sûr que les expressions des Amants, toujours outrées sur la scène, confirment le Libertin dans son dérangement, réveillent les esprits les plus assoupis, et ne peuvent que donner entrée à une passion vicieuse dans le cœur de la jeunesse la plus innocente. […] elle lui dit que tout homme, qui fait des protestations d’attachement à une femme, ne cherche qu’à la corrompre et à la déshonorer : elle lui dit qu’il n’est pas permis d’avoir une liaison particulière avec un jeune homme, quelqu’innocente que soit cette liaison ; parce que, ce qui est innocent d’abord, est souvent un acheminement au crime.

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