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83. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Si cette malheureuse passion vue de loin dans deux personnes qui s’aiment, et dont on n’entend pas même les discours, est souvent capable de faire de vives impressions sur celui qui les observe ; qu’arrivera-t-il, lorsque, sur la scène, un jeune homme et une fille, avec toute la vivacité que l’art peut inspirer, font parade de leur tendresse dans un Dialogue, où les pensées étudiées du Poète sont toujours portées à l’excès ? […] Ces sortes de sentiments ne seraient jamais en risque d’être désaprouvés, ou mal reçus des Spectateurs ; car, dans une grande assemblée, il peut bien se trouver quelqu’un qui ne soit pas sensible aux impressions de l’amour, tel qu’on le voit communément sur le Théâtre, et qui par conséquent ne regarde qu’avec indifférence, ou avec mépris les faiblesses du cœur humain ; mais il n’y en aura pas un seul qui ne soit ou père, ou fils, ou mari, ou citoyen : et si, par hasard, il se rencontrait un Spectateur qui fut bon père, mais qui ne fut pas bon citoyen, et que l’action théâtrale de ce jour-là ne traitat que de l’amour de la Patrie ; loin d’en blâmer l’Auteur, il n’est pas douteux qu’il l’admirerait.

84. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

X pag. 136. observant qu’un Auteur avoit été assez hardi, pour dire qu’un Ecclésiastique pourroit assister aux spectacles, sans commettre un peché mortel, pourvû qu’il fût bien assuré 1°. qu’ils ne lui feroient aucune impression 2°. qu’il n’y auroit aucun scandale. […] Permettez, Madame, qu’à ces authorités aussi respectables que décisives, j’en ajoute une, qui, quoique moins frappante, n’en fera peut-être pas moins d’impression sur votre esprit. […] Etes-vous de fer, ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure, des paroles, du chant & des gestes des Comédiennes ?  […] C’est-là, où l’image des choses qu’on rèprésente, fait de malheureuses impressions, qui ne s’effacent presque jamais &c &c. […] êtes-vous donc de fer ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure, des paroles, du chant & des gestes des Comédiennes ?

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