Qui vous assurera, Monsieur, que son abdication de l’autorité suprême ne fut pas une suite des impressions qu’il avait reçues au spectacle ? […] La scène d’un jeune homme, d’un caractère doux et bienfaisant, qui cependant, emporté par les fumées du vin, vient de jeter une assiette au visage d’un de ses meilleurs amis, contient des réflexions et en fait faire de si sensées à tous ceux qui l’écoutent ou qui la lisent, qu’on peut présumer que des scènes dans ce goût, et destinées à la même critique, feraient une impression très utile dans le cœur de nos ferrailleurs étourdis.
Votre Altesse en a reçu de si belles instructions, qu’elle est persuadée que l’homme n’a point été créé à l’image et ressemblance de Dieu, pour se plaire à des jeux qui ne servent qu’à effacer ces traits divins, par les mauvaises impressions que l’on y reçoit. […] Mais rien ne faisait tant d’impression sur leur esprit que l’exemple de ce Prince, qui n’exigeait rien d’eux qu’il ne pratiquât le premier. […] Et comme il était convaincu qu’il n’y a rien de si dangereux, ni qui donne de plus pernicieuses impressions aux enfants que la Comédie, il composa un excellent discours contre la Comédie, y joignant tout ce qui se trouve de plus fort dans les Conciles, et dans les écrits des saints Pères sur ce sujet. […] La Philosophie, qui est l’étude de la sagesse, bannit de son sanctuaire tout ce genre de fables, qui ne fait que flatter l’oreille, et le renvoie au berceau des nourrices. » Secondement les Philosophes improuvaient la Comédie et la Tragédie, à cause de l’impression qu’elles donnent de l’amour infâme. […] On n’y reconnaît plus Bacchus, et Vénus pour des divinités, mais pour des fantômes de l’Enfer, ou tout au plus pour des songes de la Poésie : il n’y a plus d’autels ni de sacrifices, si ce n’est pour représenter quelques vieilles fables, qui font aussi peu d’impression sur nos esprits que les contes ridicules des Fées.