On avoit souvent infinué que la troupe se feroit un honneur infini d’imiter la Cour, & d’avoir pour spectateurs les arbitres du bon goût, les oracles de la nation, qui par leurs suffrages décisifs attireroient beaucoup de monde, & feroient la fortune des pieces recommandées. […] Il seroit à souhaiter que notre théatre aujourd’hui imitât sa sagesse, en retranchant les libertés qu’il s’est trop souvent permises.
Ne doutons pas que ce bel exemple ne soit imité, & que les livres d’éducation, dont tous les jours on enrichit les feuilles périodiques, ne mettent les exercices du Théatre au nombre des premieres & des plus importantes instructions de la jeunesse, & ne fassent du Théatre la Foire un livre classique. […] Cela est vrai : aussi est-il d’une bonne éducation de faire prendre pendant quelques mois des leçons de danse : mais de faire des danseuses, de faire courir les bals, de mêler les deux sexes dans les danses, la plupart licencieuses, & toujours dangereuses à l’un & à l’autre sexe, regarder, admirer, imiter les danses théatrales, écoles & objets du vice ; c’est l’éducation la plus pernicieuse, qui n’est propre qu’à faire des libertins, & même à énerver le corps.