Mais aprés vous avoir avoüé que ceux de nôtre temps sont moins criminels que les leurs, je n’avoüeray pas pour cela, qu’ils soient toûjours innocens ; & je veux vous faire voir, que quelque soin qu’on ait apporté à en ôter le scandale, & à les rendre moins suspects & plus honnêtes, ils sont encore assez criminels, pour animer le zele des Predicateurs, & pour inferer que plusieurs n’y peuvent assister sans peché ; nous le verrons dans mon premier Point ; & le second, qu’étant toûjours dangereux à l’égard de tout le monde, il est rare & bien difficile d’en retourner aussi innocent que l’on y est venu ; ce sera tout le partage de ce discours. […] Et pour nous arrêter à la Comedie, qu’on prétend être plus honnête, aprés qu’on en a banni tout ce qui l’a tant décriée dans les siecles passez ; je maintiens qu’elle est encore un piege, & une occasion prochaine de peché pour ceux qui ont quelque disposition à recevoir le poison qui est si bien déguisé. Car comme il n’y a guere de divertissement, ni de spectacle plus agreable aux gens du monde, quelque soin qu’on ait pris de la rendre plus honnête, n’y voit-on pas encore le plaisir le plus criminel paré de tous ses attraits ? […] Je ne fais que parcourir cecy, qui suffira pour vous faire concevoir, que ces spectacles tels qu’ils sont aujourd’huy, & avec toute la moderation qu’on a tâché d’y apporter, pour les rendre plus honnêtes & moins odieux, ne sont pas si innocens que se le persuadent ceux qui prétendent les justifier. […] Car je veux que les comedies, ausquelles je m’arrête plus particulierement, en parlant des spectacles, que les comedies, dis-je, de ce temps, soient plus honnêtes qu’elles n’ont jamais été, cependant, ceux qui examinent les choses de plus prés, & à qui les autres vertus chrétiennes ne sont pas moins cheres que l’honnêteté, trouvent étrange qu’on les appelle innocentes, vû que les plus honnêtes ne contiennent autre chose que des passions d’ambition, de jalousie, de vengeance, de fausse generosité, & des autres vices, qui étant colorez d’une idée de grandeur d’ame, entrent facilement dans l’esprit, & ruinent tous les principes du Christianisme.
Mais aprés vous avoir avoüé que ceux de nôtre tems sont moins criminels que les leurs, je n’avoüerai pas pour cela, qu’ils soient toûjours innocens ; & je veux vous faire voir, que quelque soin qu’on ait apporté à en ôter le scandale, & à les rendre moins suspects & plus honnêtes, ils sont encore assez criminels, pour animer le zele des Predicateurs, & pour inferer que plusieurs n’y peuvent assister sans peché ; nous le verrons dans mon premier point ; & le second, qu’étant toûjours dangereux à l’égard de tout le monde, il est rare & bien difficile d’en retourner aussi innocent que l’on y est venu ; ce sera tout le partage de ce discours. […] Et pour nous arrêter à la Comedie, qu’on prétend être la plus honnête, aprés qu’on en a banni tout ce qui l’a tant décriée dans les siecles passez ; je maintiens qu’elle est encore un piege, & une occasion prochaine de peché pour ceux qui ont quelque disposition à recevoir le poison qui est si bien déguisé. Car comme il n’y a guere de divertissement, ni de spectacle plus agreable aux gens du monde, quelque soin qu’on ait prit de la rendre plus honnête, n’y voit-on pas encore le plaisir le plus criminel paré de tous ses attraits ? […] Je ne fais que parcourir cecy, qui suffira pour vous faire concevoir, que ces spectacles tels qu’ils sont aujourd’huy, & avec toute la moderation qu’on a tâché d’y apporter, pour les rendre plus honnêtes & moins odieux, ne sont pas si innocens que se le persuadent ceux qui prétendent les justifier. […] Car je veux que les comedies, ausquelles je m’arrête plus particulierement, en parlant des spectacles, que les comedies, dis-je, de ce tems, soient plus honnêtes qu’elles n’ont jamais été, cependant, ceux qui examinent les choses de plus prés, & à qui les autres vertus chrétiennes ne sont pas moins cheres que l’honnêteté, trouvent étrange qu’on les appelle innocentes, vû que le plus honnêtes ne contiennent autre chose que des passions d’ambition, de jalousie, de vengeance, de fausse generosité, & des autres vices, qui étant colorez d’une idée de grandeur d’ame, entrent facilement dans l’esprit, & ruinent tous les principes du Christianisme.