Je sais que les Poètes Comiques n’ont besoin que du ridicule des hommes pour faire rire les Spectateurs ; mais si de plus ils ont la louable intention de corriger et d’instruire, alors ils auront tort de se borner à mettre le ridicule des hommes sur la Scène, ils ne feront qu’effleurer l’écorce, et n’iront pas jusqu’à la racine du mal. […] Une action comique soit qu’elle nous donne le vrai, ou qu’elle nous présente le vraisemblable, ne peut jamais avoir d’autre objet que de peindre les hommes tels que nous les voyons. Or, parce que les hommes sont corrompus, il arrive ordinairement que dans la Comédie on nous représente l’amour ou indécent, ou déraisonnable. […] Si tout le monde est esclave de l’amour, il ne faut pas que le Théâtre contribue à rendre cet esclavage encore plus rude et plus général ; il faut au contraire qu’il fournisse aux hommes des secours pour leur en faire connaître tout le poid, toute la faiblesse et même l’indignité. […] Si malheureusement il est commun de trouver des hommes corrompus sur cet article (comme nous avons dit) il y a de l’inhumanité à les affermir dans la corruption, et les Poètes qui agissent ainsi manquent au devoir des bons Citoyens.
Sur quoi l’autre s’écrie d’un ton mêlé d’admiration et de compassion : « Le pauvre homme ! […] Vous remarquerez, s’il vous plaît, que d’abord l’autre voulant exalter son Panulphe, commence à dire que « c’est un homme », de sorte qu’il semble qu’il aille faire un long dénombrement de ses bonnes qualités ; et tout cela se réduit pourtant à dire encore une ou deux fois, « mais un homme, un homme », et à conclure, « un homme enfin » : ce qui veut dire plusieurs choses admirables ; l’une que les bigots n’ont, pour l’ordinaire aucune bonne qualité, et n’ont pour tout mérite que leur bigoterie, ce qui paraît en ce que l’homme même qui est infatué de celui-ci, ne sait que dire pour le louer. […] pour être dévot, on n’en est pas moins homme ». […] De là, après quelques autres discours revenant à son premier sujet, il conclut qu’« elle peut bien juger considérant son air, qu’enfin tout homme est homme, et qu’un homme est de chair ». […] La Suivante sur cela, qui n’est pas si honnête que le Frère, ne peut s’empêcher de s’écrier « Le pauvre homme !