Occupés d’abord de leurs premieres conquêtes sur les Carthaginois, & de leurs dissentions domestiques, les Romains n’aimoient alors que les fêtes où ils célébroient leurs triomphes par des jeux où le sang des hommes & des animaux étoit répandu ; & leurs mœurs ne devinrent plus douces, qu’après que, vainqueurs des Perses & des Grecs, ils firent passer dans Rome toutes les richesses de l’Asie. […] La condition de cette classe d’hommes, qui dans les fêtes ne prenoient part à la douleur commune ou à l’allégresse publique, qu’à proportion du lucre particulier qu’ils en retiroient, ne pouvoit avoir rien que de vil. […] C’est par une suite de la foiblesse de l’esprit humain, que dès que quelques hommes ont fait un pas en avant dans la carriere, les autres aussitôt se sont occupés à les considérer & à voir s’ils n’ont point voulu indiquer quelques routes nouvelles. […] Si l’on souffre , dit-il, la Muse imitative, qui nous charme & nous trompe par la douceur de ses accens, bientôt les hommes n’auront plus pour objet ni la loi, ni les choses bonnes & belles, mais la douleur & la volupté. […] Le luxe a gagné les campagnes : ce n’est pas le luxe des villes qui enleve les hommes à la culture de la terre, mais le luxe même des campagnes.
L’Acteur en montant sur le Théâtre doit, en quelque sorte, déposer l’homme, pour ne montrer que le personnage qu’il va représenter. […] Les hommes descendus à leur tour, se mêlent à cette foule tumultueuse, & y tiennent leur coin. […] Des hommes qui viennent de rire ; de folâtrer avec les Comédiens, sont-ils bien pénétrés de ce que ceux-ci leur disent à l’ouverture de la Scène ?