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271. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Je ne prétends rien exagérer, Chrétiens, et ce n’est pas mon dessein de condamner sans exception tous les divertissements de la vie ; je sais quels arrêts le Fils de Dieu a portés contre les heureux du siècle, lorsqu’il a dit en général : Væ vobis qui ridetis ! […] Je dis plus : n’est-il pas vrai que par l’usage et l’habitude que vous vous êtes fait de ces lectures, l’esprit du monde s’est peu-à-peu emparé de vous, que vous avez senti celui du christianisme diminuer à proportion et s’affoiblir, que les heureux principes de votre premiere éducation se sont altérés, que vous n’avez plus eu dans la tête que de folles imaginations, que la galanterie, que la vanité ; et que tout le reste, beaucoup plus solide et plus sérieux, vous est devenu insipide, ensuite fatiguant, enfin odieux et insupportable ?

272. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Cyprien trois sortes de bonneur dans l’homme, primus fœlicitatis gradus est, non delinquere , son premier bonheur, ou le premier degré de sa veritable felicité en ce monde, consiste à ne point pecher : secundus, delicta cognoscere  : le second degré consiste à connoître ses pechés : tertius, commissa diluere , & le troisiéme consiste à expier ses pechés : pour moy M. je m’estimeray aujourd’huy bien heureux, si je puis vous faire renoncer pour jamais à la comedie, parce que je vous auray mis en possession de ces trois degrés de felicité, qui sont de ne plus pecher en y assistant, de bien connoître les pechés qu’on y commet, & de bien expier les pechés qu’on y a commis : mais pour proceder avec ordre, & pour vous faire comprendre une verité que vous n’avez peut-être jamais bien penetrée, & à laquelle pourtant vôtre salut eternel est attaché ; il faut sçavoir quelle est la grace que nous recevons dans le Baptême ; quels sont les vœux que nous y faisons, & quelles sont les obligations qu’ils nous imposent, la grace que nous y recevons est feconde, les vœux que nous y faisons sont solemnels, & les obligations qu’ils nous imposent sont indispensables. […] Augustin, se servoit de son authorité & de son empire ; elle commandoit à la prudence, ut vigilanter inquirat quomodo voluptas regnet, & salva sit , de rechercher avec soin & application tous les moyens necessaires pour rendre heureux & tranquille le regne de cette voluptueuse Princesse ; elle commandoit à la Iustice, ut nulli faciat injuriam , de ne faire tort à personne, ne offensis legibus, voluptas vivere secura non poßit , crainte que les loix étans violées, elles ne vinssent troubler son repos ; elle commandoit à la force d’éloigner de son trône & de son palais, les douleurs, la tristesse & les chagrins, ou du moins d’adoucir ses petits déplaisirs presens, par le souvenir de ses delices passées, ut per pristinarum deliciarum suarum recordationem, mitiget præsentis doloris aculeos . […] , non dit-il, rien ne me paroissoit plus doux dans la vie, que d’aimer & d’estre aimé ; & c’est pour cela, ajoûte-t-il, que tunc in theatricis congaudebam amantibus  ; je me réjoüissois avec ces heureux & fortunés amans de theatre & de comedie, cum sese fruebantur per flagitia , sur tout lors qu’ils pouvoient acheter au prix de plusieurs crimes, le fruit de leur amour ; quamvis hæc imaginarie gererentur in ludo spectaculi , je ne laissois pas de gouter un veritable plaisir dans ces avantures imaginaires.

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