Je répéterai d’abord qu’on doit être maintenant bien convaincu, que le désir d’acquérir des richesses fut toujours, dès la plus haute antiquité, le principal mobile des actions de tous les ministres des cultes religieux ; il fut le motif et la base fondamentale de leur doctrine, de leurs dogmes et de leurs intrigues ambitieuses. […] Les disciples de Loyola particulièrement, et dans les temps modernes, poussèrent à un haut degré cette puissance morale en s’emparant de l’éducation de la jeunesse, en dirigeant celle des princes et en s’arrogeant le droit de donner pour ainsi dire exclusivement des confesseurs aux rois. […] La faction religieuse, dès la plus haute antiquité, joua toujours le premier rôle en se rendant dépositaire des sciences humaines, les prêtres s’en servirent pour abuser de la stupidité du vulgaire ignorant et crédule.
Les Compagnons de Jésus se sont toujours dits et ont toujours paru les gens du monde les plus occupés, et occupés des objets les plus opposés au théâtre : chaire, confessions, missions, retraites, congrégation, étude, enseignement des hautes sciences, compositions innombrables de livres sérieux, sans compter une infinité de visites et de lettres pour faire la Cour à tous les Grands et entretenir des liaisons avec toute la terre ; un Jésuite n'a pas un moment de loisir. […] Quoique par une émulation assez déplacée de la scène Française, et par une conduite de courtisan, qu'on n'exigeait pas, qui se conforme en tout au goût du Prince, le théâtre ait fait chez les Jésuites depuis le milieu du dernier siècle les plus grands progrès, il y date de bien plus haut. […] « et qu'aujourd'hui le zèle s'irrite si l'on essaie d'introduire avec dignité sur la scène de saints personnages, quelques efforts que l'on fasse pour que leurs sentiments donnent la plus haute idée des objets de la foi, et que leurs actions présentent des exemples de la plus héroïque vertu ?