Ce ne sont pas jeux défendus de représenter quelque histoire dévote, pourvu qu’on n’y mette pas trop de temps ; qu’on n’en fasse que rarement, comme trois ou quatre fois l’année ; qu’on n’y parle point d’amour, sinon de l’amour divin avec l’âme dévote, et ne s’y passe rien contre la modestie ; qu’on laisse l’habit de dessous, sans jamais se revêtir de ceux des hommes, ni rien qui leur ressemble. […] Comédie, Cas 4.) qu’il a été consulté sur une Communauté, qu’il place à Milan, et qui apparemment n’est pas au-delà des Alpes, où les Religieux, d’ailleurs très édifiants, jouent quelquefois entre eux seuls, et fort secrètement, des pièces de théâtre sur des sujets de piété, et louent pour cet effet des habits à la comédie, dont ils se couvrent par-dessus les leurs. D’abord il se moque avec raison de ce prétendu secret, comme si les Novices et les domestiques de la maison pouvaient l’ignorer, et en particulier les Comédiens qui louent les habits, et ne peuvent manquer d’en rire beaucoup, d’en parler volontiers, et de s’autoriser dans leur profession par un pareil exemple, ce qui doit scandaliser le public, déjà trop porté à mépriser les Communautés. […] Les Séminaristes acteurs ne pouvaient pas quitter la soutane, se contentaient de la retrousser, et de mettre un habit modeste par-dessus. […] qu’on s’y préparera par la prière ; qu’on s’en punira au retour par la pénitence ; qu’on y portera le cilice ; qu’on y fera des réflexions sur la mort, le jugement et l’enfer ; qu’on n’y souffrira ni masque, ni rouge, ni mouche, ni gorge découverte, ni habits riches, ni parures recherchées ; qu’on n’y ira point la nuit, etc., c’est-à-dire qu’il l’anéantit.
De plus, un Ouvrier ne va point dans une Assemblée se montrer en habit de travail : il faudra prendre plus souvent ses habits de Dimanche, changer de linge plus souvent, se poudrer, se raser ; tout cela coûte du temps et de l’argent. […] On suivrait apparemment l’usage universel de l’Europe, qui a consacré l’habit noir à la décence, et l’on obligerait tous les danseurs et danseuses de s’habiller de cette couleur, et pour que tout répondît à la gravité de l’habit, on interdirait aux jeunes garçons cet air de dissipation et de folie que la danse et la musique leur inspire : on leur prescrirait d’avoir la vue toujours fixée sur le Seigneur Commis, comme le Soldat Prussien sur le Flügelmann 5 en sorte qu’ils s’exerceraient sans cesse à accorder leur maintien avec la gravité de leur habit. […] Si l’habit soldatesque est si funeste à vos yeux, allez donc lui prêcher de se défaire de sa Garnison, puisque c’est pour vous un présage de la Tyrannie, et une marque affligeante de l’oppression : nous verrons si le Sénat sera de votre avis.