Sa haute piété, le caractere particulier de cette piété, portée à une sorte d’excès, figureroient mal avec le goût du spectacle. […] Mais il espère que quelque beau génie conciliera le goût de la nation & les mœurs. Le génie de quelque Grand, sans doute ; il n’y a que lui qui puisse faire un accommodement si difficile, puisque le goût de la nation & le goût des Grands est précisément le goût des mauvaises mœurs, & de tout ce qui les entretient, sur-tout le théatre & les femmes. […] Femme qui prétend ne chercher que dans elle seule la règle du goût de la nation. […] Quel succès attendre, si on ne se conforme au goût des arbitres de la gloire !
Au reste la vertu inspireroit peut-être à nos beaux génies les moyens de concilier le goût de la Nation & les mœurs. […] Quels moyens, au moins capables de fixer l’attention & le goût, présente-t-elle à une mere vertueuse qui veut procurer un délassement convenable à cette fille jeune & décente qu’elle éleve à ses côtés ? […] Je me suis plus arrêté à la Tragédie qu’à la Comédie, parce qu’il me semble que le goût de la Nation & des Auteurs est tourné presque totalement au Tragique. […] Racine, dit-il, avoit formé le plan d’une Tragédie Françoise d’Œdipe, suivant le goût de Sophocle, sans y mêler aucune intrigue postiche d’amour, & suivant la simplicité Grecque. […] Il semble par quelques Piéces mises sur les différens Théâtres de la Capitale dans ces dernieres années, que des Auteurs amis de la vertu veuillent annoblir la Scene, faire tourner le goût de la Nation du côté des objets que nous avons indiqués, enfin convertir le Spectacle en une École de mœurs, d’humanité, de sensibilité, de bienfaisance.