Il y a plus de magnificence que du goût dans cette prodigalité. […] Une infinité d’Ecclésiastiques de tous les rangs, depuis la premiere Dignité jusqu’au dernier Bedeau, ose y paroître couvert de poudre, & même monter à l’Autel, quoique le nombre de ceux qui y montent soit petit, un Prêtre curieux de sa parure, a peu de goût pour célébrer la sainte Messe, & il fait bien. […] Nous nous bornons aux Dames ; leurs maris même ne sont pas de notre compétence, ni du goût des Dames que nous coëffons . […] Les hommes sont préférables, parce qu’ils ont le goût plus sûr, & qu’ils l’ont plus au gré des Dames. […] On avoit des secrets pour leur donner toute sorte de couleur, selon le goût ou la fantaisie ; noirs, blancs, blonds, chatains, gris ; l’Evangile dit expressément, vous ne pouvez rendre vos cheveux blancs ou noirs.
Bien des hommes ne sont guère plus sages, des vieux pécheurs usés par la débauche dont la concupiscence est encore bouillante, & les inclinations vicieuses, ils ressemblent à l’embrasement d’une maison, quand le feu y a cessé on voit long-temps des étincelles & des pointes de flammes percer à travers les cendres ; le feu y vit encore, mais il manque de matière ainsi le goût de la volupté vit encore, la force y manque. […] La Bruyere est un Peintre qui fait la critique d’un portrait imposteur en lui donnant pour voisin le sien qui est très-fidèle, soit qu’inquiet, alarmé, embarrassé des suites, ce comique n’ait pas doné l’essor à son génie, soit qu’il se foit livré par goût au tabarinage qui chez lui l’emporte sur-tout ; il est certain que dans cette pièce comme dans toutes les autres, la moitié n’est que farce, & le portrait du sujet est croqué, la farce fait rire le peuple, l’irréligion applaudit au décri de la dévotion. […] C’est sans doute pour entrer dans le goût de son siècle que Thomas Corneille fait jouer à Ariane un rôle qui n’est guére plus décent ; car enfin que ne fait-elle point pour retenir Thesée ? […] Cette idée d’une Venus vertueuse, d’une espèce de sainte au goût des femmes, digne des autels, d’un amour platonique ; son fils Cupidon, lien sacré des cœurs vertueux sans que la grossiéreté des sens y eut aucune part. […] Un homme de goût, un homme de bien ne jettera pas les yeux sur ces fruits détestables de la corruption de l’esprit & du cœur.