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40. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

Faut-il confondre dans le même anathème ceux qui renouvelant les scènes de débauche des bacchantes et des saturnales du paganisme, venaient sur des trétaux afficher la plus révoltante immodestie, et les artistes de notre scène française qui a fait et fait encore notre plus belle gloire aux yeux de l’Europe ? […] St Thomas, le plus célèbre de vos docteurs, que vous avez surnommé l’ange de l’école à cause de l’excellence de sa doctrine et de la pureté de ses mœurs, s’exprime ainsi : « Le divertissement étant quelque fois nécessaire à l’entretien de la vie humaine, l’art des comédiens n’est pas défendu. » (Tom. 2. 2. 9. 168 ad. 3) Ce saint docteur ajoute : « On lit dans la vie des saints que Saint-Paphnuce eut révélation qu’un comédien jouirait avec lui dans le ciel du même degré de gloire que lui. » Saint Antoinen s’exprime encore plus clairement. […] Il n’est point de gloire, point de talent qui puissent trouver grâce devant le fanatisme. […] Laissez nos princes ecclésiarquess exploiter à leur gré le théâtre, ils trouveront que tout ce qui s’y joue est à la plus grande gloire de Dieu ; mais n’espérez point de salut, tant que vous n’en remettrez pas la direction entre leurs mains.

41. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Que s’il y a quelque gloire à bien faire des Comédies et des Romans, comme il y en peut avoir en mettant le christianisme à part, et à ne considérer que cette malheureuse gloire que les hommes reçoivent les uns des autres, et qui est si contraire à l’esprit de la foi, selon les paroles de Jésus-Christ, l’auteur des Hérésies imaginaires ne veut point la ravir à ceux à qui elle est due, quoiqu’à dire vrai, cette gloire consiste plutôt à se connaître à ces choses, et à être capable de les faire, qu’à les faire effectivement : elle ne mérite pas qu’on y emploie son temps et son travail ; et s’il était permis d’agir pour la gloire, ce n’est pas celle-là qu’il faudrait se proposer. La véritable gloire, s’il y en a parmi les hommes, est attachée à des occupations plus sérieuses et plus importantes. […] Vous auriez pu chercher quelque autre voie « pour arriver à la gloire » ; et quand vous y aurez bien pensé, vous trouverez sans doute que celle-ci n’est pas la plus aisée ni la plus sûre.

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