Plus il a de censeurs, plus sa gloire acquièrt de lustre & d’éclat ; les envieux cherchent-ils à abaisser ce qui l’est déja de lui-même ? […] Les Auteurs de l’Opéra-Bouffon savent représenter les actions d’un manant : qu’un Homme de Lettres s’occupe à faire revivre Alexandre, Brutus & nos Rois les plus augustes ; eux se font gloire de nous montrer un rustaut, un simple pécheur, un Boulanger. […] Combien d’hommes de génie se sont toujours fait une gloire de voir leurs ouvrages goûtés par les ignorans ? […] « Le mauvais goût l’a seul produit, continue la satire outrée ; s’il est l’enfant des beaux Arts & des Lettres brillantes de gloire, pourquoi n’est-il pas né dans le siécle de Louis XIV ? […] Soiez-en sûrs, vous applaudissez un genre ridicule, il se répand alors, chacun veut avoir la gloire d’y travailler ; il coute moins de peine qu’une Tragédie, rapporte autant d’honneur & presqu’autant de profit ; c’en est assez pour que tous les Poètes vivans l’adoptent d’un commun accord.
Je ne sais pourquoi l’on comble cet Abbé d’une pareille gloire, tandis que Pierre Corneille composa son Opéra d’Andromède long-tems avant le sien. […] L’Académie Royale de musique, toujours redevable aux Princes d’Orléans, trouvera sans cesse dans cette auguste Maison de puissans protecteurs, qui se feront une gloire d’encourager les talens. […] L’homme de Lettres est certain d’en être accueilli avec bonté ; ils lui ouvrent souvent la carrière de la gloire, que mille traverses lui auraient peut-être fermé pour jamais. […] Il faudrait donc réunir, ainsi qu’on l’avait sagement proposé, le Spectacle moderne au Théâtre fondé par Quinault pour la gloire des Arts. […] Lorsque même ce dernier Théâtre était le plus couvert de gloire, des esprits critiques ou trop difficiles s’élevèrent contre lui de toutes parts.