n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables. Il n’y a rien de plus rare, ni de plus difficile, que de trouver un homme, qui, de bonne foi et sans autre intention que de bien faire, dise librement la vérité ; et à qui l’amour de la gloire, ou de la fortune, ne soit pas capable de fermer la bouche ; qui s’expose courageusement à déplaire, à recevoir des affronts et à essuyer les mépris et souvent les insultes de la multitude ; et qui s’y détermine par affection pour ses Concitoyens et par zèle pour sa Patrie. » C’est ainsi que s’exprime Dion Chrysostome.
Tous les hommes ont naturellement l’ambition de régner ; c’est le grand sujet qui fait le plus de bruit dans le monde, qui tient les peuples en alarme, qui occupe le conseil des Princes, qui cause les guerres et les alliances, enfin l’on rapporte toutes choses à cette gloire, comme si c’était le souverain bien. […] L’amour est une autre passion, la plus vive, la plus universelle dans tous les cœurs, et dont chacun fait gloire, d’être possédé par excellence.