En 1748 Benoît XIV, grand Pontife, déclara authentiquement que c’est avec regret qu’il se voit forcé à tolérer des gens qu’il ne pouvait approuver, pour empêcher de plus grands maux. […] C’est la réponse que fit le grand Bossuet à Louis XIV : « Je crains, dit cet illustre prélat, que la probité de ces gens ne soit celle du monde, qui ne savent s’ils sont chrétiens ou non, et qui s’imaginent avoir rempli tous les devoirs de la vertu lorsqu’ils vivaient en gens d’honneur sans tromper personne, pendant qu’ils se trompaient eux-mêmes en donnant tout à leurs plaisirs ; ils ignorent que quand ils n’auraient rien à craindre pour eux-mèmes, ils auraient encore à craindre le scandale, qu’ils donnent aux autres. […] Rousseau, que les spectacles ne sont nécessaires que pour y rassembler « des gens intrigants, désœuvrés, sans religion, sans principes, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise et l’amour du plaisir n’engendre que des monstres et n’inspire que des forfaits ; or sied-il bien à des personnes vertueuses d’aller se confondre avec ces gens oisifs et corrompus » ? […] A part quelques bonnes personnes, que des circonstances particulières et impérieuses entraînent malgré elles au théâtre, et quelques autres, que le monde, ou l’âge avancé, ou l’inexpérience aveugle, les partisans du théâtre se réduisent à cette classe de personnes, que Rousseau a si bien dépeinte, les fainéans, les joueurs, des gens désœuvrés dont l’imagination est dépravée par l’oisiveté et l’amour du plaisir. Et ce serait, d’après le témoignage, d’après la doctrine et la morale de ces gens, qu’on pourrait régler sa conduite ?
Le héros, l’héroïne des romans sont toujours des gens accomplis. […] La malignité du siècle y trouve un autre sel ; toutes ces infamies sont sur le compte des gens d’Eglise. […] On a voulu donner un air d’importance à cet événement méprisable, pour avoir occasion d’exposer les tableaux les plus obscenes, d’autoriser le vice, de décrier la vertu, de décréditer le Clergé, par l’exemple des gens à qui on ne donne du mérite que pour relever l’Apologie des passions, & en illustrer la licence. […] Des nouveautés si contraires aux mœurs antiques, & à l’acienne Réligion, ont rémué les esprits, & fait dans la Ville une espece de schisme, le cri de la foi s’est fait entendre, la vertu à pris l’allarme, les vieillards, les gens sages, les gens de bien ont condamné le théatre ; les jeunes gens, les scenomanes, les merveilleux, les femmes galantes, ceux qui se piquent d’être le monde, ont pris hautement sa défense. […] Le Clergé frisé à la Greque, a traité les gens rigides de Jansénistes, & mêlant Saint Augustin, dont ils savoient le nom, avec le roi de cœur, qu’ils connoissoient parfaitement, ont proscrit par leur décision, la morale sévere qu’ils avoient déjà proscrit dans leurs actions.