On trouvait qu’ils représentaient au naturel bien des gens : mais personne ne s’y reconnaissait, et ce qu’on apprenait avec eux, c’était à se moquer les uns des autres. […] On commencera par lui retrancher tout ce qu’il y a de grossier : et on n’écoutera pas ces gens, qui disent que cela donne plus d’envie aux enfants de le voir. […] Mille gens y paraissent sans avoir étudié ni l’homme, ni la Religion : il faut bien qu’ils y débitent des fleurettes, et qu’ils y tâchent à persuader par l’agitation du corps, et par l’élévation de la voix. […] Théodore, ce qu’on appelle raison et justice, ne sont que des mots pour ces gens-là : ils prétendent qu’il n’y a rien de plus innocent que leur curiosité ; et ils regardent celui qui n’est pas de leur goût comme un esprit singulier. […] Ce fruit funeste des fausses études s’est prodigieusement étendu ; et cela me fait penser qu’il serait avantageux à bien des gens de n’avoir jamais étudié.
Je prétens qu’ils y a de divertissemens dans le monde qui passent pour legitimes, & que l’opinion commune des gens du siécle authorise ; mais que le Christianisme condamne, & qui ne peuvent s’accorder avec l’integrité, & la pureté des mœurs. […] Je ne dis pas que ç’a été la Morale des gens foibles & peu instruits, bornez dans leurs vuës, & timides ou précipitez dans leurs decisions : outre leur sainteté qui nous les rend venerables, nous savons que c’étoient les premiers genies du monde ; nous avons en main leurs écrits, & nous y voyons la sublimité de leur sagesse, la penetration de leur esprit, la profondeur & l’étendüé de leur érudition. […] je l’ai dit : quelques mondains, c’est-a-dire, un certain nombre des gens libertins, amateurs d’eux-mêmes ; & idolátres de leurs plaisirs ; de gens sans étude, sans connoissance, sans attention à leur Salut, de femmes vaines, dont toute la science se reduit à une parure, dont tout le desir est de paroître, & de se faire remarquer, dont tout le soin est de charmer le tems, & de se tenir en garde contre l’ennemi qui les surprend, dès que l’amusement leur manque, & qu’elles sont hors de la bagatelle ; mais ce qu’il y a souvent de plus déplorable, dont la passion cherche a se nourir & a s’allumer, lorsqu’il faudroit tout mettre en œuvre pour l’amortir & pour l’éteindre.