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53. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

On trouvait qu’ils représentaient au naturel bien des gens : mais personne ne s’y reconnaissait, et ce qu’on apprenait avec eux, c’était à se moquer les uns des autres. […] On commencera par lui retrancher tout ce qu’il y a de grossier : et on n’écoutera pas ces gens, qui disent que cela donne plus d’envie aux enfants de le voir. […] Mille gens y paraissent sans avoir étudié ni l’homme, ni la Religion : il faut bien qu’ils y débitent des fleurettes, et qu’ils y tâchent à persuader par l’agitation du corps, et par l’élévation de la voix. […] Théodore, ce qu’on appelle raison et justice, ne sont que des mots pour ces gens-là : ils prétendent qu’il n’y a rien de plus innocent que leur curiosité ; et ils regardent celui qui n’est pas de leur goût comme un esprit singulier. […] Ce fruit funeste des fausses études s’est prodigieusement étendu ; et cela me fait penser qu’il serait avantageux à bien des gens de n’avoir jamais étudié.

54. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Je prétens qu’ils y a de divertissemens dans le monde qui passent pour legitimes, & que l’opinion commune des gens du siécle authorise ; mais que le Christianisme condamne, & qui ne peuvent s’accorder avec l’integrité, & la pureté des mœurs. […] Je ne dis pas que ç’a été la Morale des gens foibles & peu instruits, bornez dans leurs vuës, & timides ou précipitez dans leurs decisions : outre leur sainteté qui nous les rend venerables, nous savons que c’étoient les premiers genies du monde ; nous avons en main leurs écrits, & nous y voyons la sublimité de leur sagesse, la penetration de leur esprit, la profondeur & l’étendüé de leur érudition. […] je l’ai dit : quelques mondains, c’est-a-dire, un certain nombre des gens libertins, amateurs d’eux-mêmes ; & idolátres de leurs plaisirs ; de gens sans étude, sans connoissance, sans attention à leur Salut, de femmes vaines, dont toute la science se reduit à une parure, dont tout le desir est de paroître, & de se faire remarquer, dont tout le soin est de charmer le tems, & de se tenir en garde contre l’ennemi qui les surprend, dès que l’amusement leur manque, & qu’elles sont hors de la bagatelle ; mais ce qu’il y a souvent de plus déplorable, dont la passion cherche a se nourir & a s’allumer, lorsqu’il faudroit tout mettre en œuvre pour l’amortir & pour l’éteindre.

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