Qu’il sied bien à de telles gens, de faire les personnages des Saints, et de chanter publiquement les louanges Divines, après que Dieu a si souvent fait entendre aux hommes qu’il ne voulait être loué que par ceux qui pratiquent la vertu. « Rectos decet laudatio », dit le Prophète Roi, et saint Basile expliquant ces paroles, remarque que c’est pour cette raison que Dieu fit taire le démon qui l’appelait Saint ; que saint Paul imposa silence à la Pythonisse qui lui donnait des louanges, et que Dieu défend aux pécheurs d’annoncer ses justices. […] N’est-ce pas là pour les Chrétiens une terre étrangère ; puisque c’est une terre de gens excommuniés ; et ne doivent-ils pas dire en cette occasion avec le Roi Prophète Psal[mus]. 136. […] Il serait à souhaiter que bien des gens lussent le discours qu’il a fait, pour montrer combien se trompent ceux qui voulant vivre en Chrétiens, ne laissent pas de se trouver dans les parties de plaisir, où les chants agréables entretiennent l’esprit et le cœur dans la mollesse : « Où se trouvent les chœurs de musique, qui excitent la sensibilité et les applaudissements des Spectateurs, dit ce grand Saint, là aussi se forme l’aveuglement des hommes ; les Anges en gémissent, et la fête n’est que pour le Démon. […] , regardait comme une chose indigne, que dans un temps de disette on eût souffert à Rome un aussi grand nombre de danseurs et autres gens de cette nature, qu’il y en avait auparavant.
On ne se plaindra plus de la monotonie de sa musique ; les gens délicats seront satisfaits. […] Toutes les raisons qu’il allégue se détruisent d’elles-mêmes, lorsque l’on considère que la danse est l’image de la joye qu’on éprouve ; & qu’il est fort naturel qu’une grande multitude de gens forment des danses, lorsqu’ils ont quelques sujets d’allégresse. […] Je sais qu’il est des gens qui prétendent que le stile des Opéras-sérieux peut être poètique, c’est-à-dire mâle, nerveux, & plein de force, comme celui qu’on admire dans les Tragédies du grand Corneille : mais ils sont bien dans l’erreur. […] Mais le nombre des Gens de Lettres qui consacrent au Théâtre lyrique quelques-unes de leurs veilles, est malheureusement très-peu considérable. […] Il est certain que les Hèros de la Scène lyrique sont trop tendres & trop langoureux ; il faudrait les peindre avec des couleurs plus mâles, & leur donner la grandeur, la magnanimité de la Tragédie en récit : on éviterait par là ces maximes d’amour, qui révoltent les gens scrupuleux.