Cette réforme, si difficile à faire chez les Peuples que l’usage et le temps ont accoutumé à ne pas sentir les défauts de leurs Spectacles, peut facilement être embrassée par une Nation, qui n’a connu les Spectacles qu’en passant, et dont le goût n’est encore fixé sur aucun genre.
La Grèce avoit un genre de drame inconnu parmi nous, la tragédie satyrique, que le seul plaisir de la médisance avoit introduit. […] Ce goût bizarre, cet assemblage ridicule n’a pas fait fortune chez les autres nations, où l’on a assez constamment séparé ces deux genres. […] On y décrie tous les états, tout le genre humain. […] Je l’avoue en gémissant, aucune nation n’a fourni tant de Comédiens & de si habiles, tant de spectateurs & de lecteurs, & de si éclairés ; j’en rougis pour ma patrie, aucune n’a imaginé tant de genres de décoration, de machines, de spectacles, aucune n’enfante tant de musiciens, instrumens, danseurs, sauteurs, machinistes, tabarins, &c.