Ce sont ces Fêtes que l’on doit regarder comme les véritables Spectacles qui ont succédé en France à ceux des Grecs & des Romains, & non les Spectacles particuliers qui s’établirent à Paris sous differentes formes en éprouvant divers changemens, & qui forment aujourd’hui le sujet de tant de disputes littéraires. […] En 1600 il s’éleva un nouveau théâtre à l’hôtel d’Argens au Marais, formé d’un démembrement de l’hôtel de Bourgogne, sous Henri IV, & ensuite sous Louis XIII. avec le titre de comédiens de l’Elite Royale. […] « Les Princes & les Ministres, dit M. de Fontenelle en parlant de Corneille & de sa tragédie du Cid, n’ont qu’à commander qu’il se forme des Poëtes & des Peintres, tout ce qu’ils voudront, & il s’en formera. […] Quelle seroit l’union de plusieurs familles qui chercheroient ainsi à n’en former plus qu’une, s’il étoit possible ! […] Un Laboureur, ou un Vigneron possesseur de toute l’espèce représentative de son pays, y tient toutes les fermes à loïer ; & le reste, malheureux, craint de former son semblable.
Ces motifs sont de se former l’esprit en le délassant des occupations sérieuses, & même de prendre, dit-on, des leçons de vertu. […] Car après tout, former & délasser l’esprit, est-ce là précisément un motif qui doive conduire des Chrétiens ? […] Et depuis ce temps, quel vice a-t-il corrigé en vous, quelle vertu y a-t-il formée, quelle passion réprimée ? […] Mais enfin, Messieurs, dites-moi donc, reprend un Saint Docteur, sur ce théâtre, où vous n’allez que pour vous former à la vertu, voudriez-vous être subitement frappés de mort ? […] C’est là, Messieurs, l’héroïsme du théâtre de nos jours, c’est la grande science qu’on y enseigne, sous le beau prétexte de purger les passions & de former les mœurs.