Les ordonnances, les diplômes et les lettres patentes des rois, les arrêts des parlements, les règlements de police forment une réunion d’actes publics qui constituent et consacrent, de la manière la plus authentique, la profession de comédien en France.
la Comédie, par exemple, que se récrie Tertullien, lorsqu’il dit : « N'allons point au Théâtre, qui est une assemblée particulière d’impudicité, où l’on n’approuve rien que ce que l’on improuve ailleurs ; de sorte que ce qu’on y trouve de plus beau est pour l’ordinaire ce qui est de plus vilain et de plus infâme, de ce qu’un Comédien, par exemple, y joue avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; de ce que des femmes oubliant la pudeur de leur sexe, osent faire sur un Théâtre, et à la vue de tout le monde, ce qu’elles auraient honte de commettre dans leurs maisons, où elles ne sont vues de personne ; de ce qu’on y voit un jeune homme s’y bien former, et souffrir en son corps toutes sortes d’abominations, dans l’espérance qu’à son tour il deviendra maître en cet art épouvantable. […] Outre cette foule de témoignages qui sont en ma faveur, je puis encore former une forte preuve tirée des paroles et de la conduite des Saint Pères en général, et vous faire remarquer que ceux qui ont parlé si fortement contre les Comédies, ne l’ont pas fait avec moins de force contre les jeux de Cartes, de Dés, etc. […] Saint Thomas Ubi sup. artic. 2. in corpora , saint Bonaventure, saint Antonin, et avant eux tous, Albert le Grand « Unum genus jocandi est illiberale, petulans flagitiosum obscanum. »avait dit que dans les Jeux il faut prendre garde à trois choses : La première et 1a principale est, que l’on ne cherche pas le plaisir dans des paroles, ou dans des actions déshonnêtes, comme on faisait du temps des Anciens ; Coutume malheureuse que Cicéron déplorait par ces paroles : « Il y a une manière de se jouer basse, insolente, criminelle et honteuse. » La seconde chose à laquelle il faut prendre garde, dit le Docteur Angélique, est, qu’en voulant donner quelque relâche à l’esprit, on ne perde entièrement la gravité de l’âme, ce qui faisait dire à saint Ambroise« Caveamus ne dum relaxare animum volumus solvamus omnem harmonis quasi concentum quemdam honorum operum. » : « Prenons garde qu’en voulant un peu relâcher notre esprit, nous ne perdions l’harmonie de notre âme, où les vertus forment un agréable concert. » Et la troisième condition que l’on demande dans nos Jeux aussi bien que dans toutes les actions de la vie, est qu’ils conviennent à la personne, au temps, au lieu, et qu’ils soient réglés par toutes les autres circonstances qui les peuvent rendre honnêtes. […] D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, et m’appelleront Casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une Morale austère et de ne la pas pratiquer ; mais je vous jure, Monsieur, que je ne me suis point arrêté à la rigueur ou à la douceur de l’opinion, mais uniquement à la vérité ; souhaitant de tout mon cœur suivre la Règle que nous donne saint Benoit, « De former nos actions sur les opinions les plus sévères, et notre doctrine selon les plus favorables « Actiones vestras, etc., apud Caramuel », Theol. fundamental., n. 1542.