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277. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

On donne au cœur un affaut général ; chacun a sa propre corruption ; l’union de leur force les rend infiniment redoutables. […] A force de contrefaire ou de voir contrefaire l’homme vicieux, l’Acteur & le spectateur prennent insensiblement le goût du vice, & se familiarisent avec lui ; car enfin, pour bien représenter & pour bien sentir, il faut qu’il se forme au-dedans de nous, du moins pour le moment, le même sentiment qu’on veut jouer ou éprouver, au même degré de vivacité, & même encore plus exalté ; & c’est à quoi en effet l’un & l’autre s’efforce de parvenir pour en avoir la gloire ou le plaisir. […] Celles qu’on ménage préparent la voie aux autres, qui dans l’occasion reviendront plus vivement, & n’auront plus l’ancienne barriere de la religion, que la passion ménagée aura levée, & de la force de la vertu qu’elle aura affoiblie.

278. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

A force d’application, de travail, d’alliance, d’acquisition, on devient un être distingué, on acquiert une généalogie, le métier devient un art, la routine une science, l’artisan un artiste, & une jurande une académie. […] Il étoit aux portes de Rome, qu’il alloit prendre sans résistance, lorsque le grand Saint Léon alla au-devant de lui, & lui parla avec tant de force, lui imposa si fort par sa vertu, que ce fameux conquérant quitta l’Italie, dont il s’étoit rendu maître, & s’en retourna dans son pays. […] A force d’intrigues & de sollicitations, & sous la condition de quantité de changemens que Moliere promit d’y faire, la défense sur levée.

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