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262. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Or répandre le charme du vers et du chant sur le mal, n’est-ce pas pour en redoubler la force, pour le rendre plus présent à l’esprit et plus agissant sur le cœur ? […] « Je claque des dents, ajoute-t-elle, je frissonne, je m’évanouis, les forces me manquent par degrés et s’en vont par des roulades de frayeur. […]  « Quelquefois il advient que la force du froid Gèle toute la nue : et c’est alors qu’on void Tomber à grands flocons une céleste laine : Le bois devient sans feuille, et sans herbe la plaine. […] Si Jupiter s’avise de brouiller et force d’en venir à une rupture ouverte, Pisthetœrus se charge d’envoyer un détachement d’Aigles contre lui avec ordre de réduire en cendre son palais, sans qu’il ait presque le temps de se sauver lui-même.

263. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Tellement que12 Platon n’a pas dit sans raison, qu’elle rendait mols comme cire, les esprits les plus relevés, et les livrait captifs aux vices, les destinant de toutes forces pour y résister, parce qu’elles attachent et clouent les âmes contre la terre, afin qu’elles ne s’en puissent relever. […] Car il ne peut point y avoir en la République une peste plus mortelle, et qui ait plus de force pour corrompre les mœurs, à cause de la voix, du visage, de la parole, et des vilaines et pernicieuses actions, lesquelles se coulant peu à peu ès esprits des citoyens, renversent les Républiques entières. […] Or comme ainsi soit que les spectacles soient pernicieux à toutes sortes d’hommes, ils le sont notamment à la jeunesse, et aux nations plus septentrionales, lesquelles sont plus légères que les autres, et ayant la force de leur esprit aux sens, reçoivent avec plus d’avidité par les yeux, les gestes vicieux, que ne font les nations méridionales, lesquelles comme plus mélancoliques, ayant une sévérité naturelle, ne les reçoivent pas si aisément ». […] Ainsi ne se soucient-ils pas que leurs pièces soient imprimées, sachant bien qu’on ne se contentera pas de les lire, qu’on les voudra ouïr, et voir les gestes et façons, desquelles la force est bien plus grande, non pour imprimer les mots en la mémoire, mais pour y graver la corruption des mœurs, et pénétrer dans les cœurs. […] Le luxe s’accroît et à mesure que nous diminuons en forces et en moyens, la somptuosité se fait plus grande, en habits, en festins, en banquets, et en toutes superfluités.

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