Comme ceux qui aiment sincèrement la parole de Dieu et trouvent leur joie dans la méditation de ses saintes Ecritures, ont un souverain mépris de ces fadaises, et ces folies pleines de mensonges, ceux aussi qui courent après elles conçoivent de l’éloignement de la parole de Dieu, et n’ont aucun attrait pour la lecture de ses divins oracles. […] Si vous étiez élevé sur une haute montagne, les plus grosses villes vous paraîtraient à peine comme des hameaux, leurs Palais les plus superbes et les plus magnifiques comme des huttes et des cabanes, et les hommes des fourmis, si toutefois vous pouviez les apercevoir, tel est celui qui habite déjà dans le Ciel par l’ardeur de ses désirs ; toute la grandeur humaine n’est pour lui que bassesse, qu’un atome éclatant, un point qui en impose aux yeux par quelque apparence d’enflure, il a peine à comprendre l’excès de folie et l’ensorcellement des hommes qui se laissaient captiver et transporter par ces niaiseries, si quelque objet sollicite son cœur par quelque monstre de beauté pour s’en faire aimer, il le dépouille aussitôt de ce fard et de cette vaine apparence qui pourrait l’éblouir parce qu’il est homme, et lui dit vous n’êtes rien, vous n’avez qu’une faible lueur de cette lumière immense, de cette beauté originale qui est en Dieu, lui seul mérite d’occuper nos esprits et nos cœurs, adorons-le ; il lui tarde que nous soyons tous arrivés à ce jour qui sera le dernier de tous, où Dieu seul paraîtra grand, « exaltabitur Deus solus in die illa »Isai. […] Quoi une sainte, pure comme un Ange, qui avait reçu de Dieu un esprit solide et une horreur extrême de tout ce qui blesse la pudeur faillit à se perdre sans retour, si Dieu ne l’eût regardée des yeux de sa miséricorde, et n’eût ouvert les siens sur l’abîme où elle se précipitait, et vous qui êtes plus faibles que des roseaux, plus fragiles que du verre, vous prétendez que vôtre chasteté ne court aucun risque en vous enivrant de ces folies. […] , la nudité, les gestes, les airs lascifs des comédiens et comédiennes qui soit contraire à la modestie, supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur parure, leurs actions, et tout leur maintien extérieur, supposé que tout ce qui s’y passe, les vers tendres et passionnés, les habits, le marcher, les machines, les chants, les regards, les mouvements du corps, la symphonie, les intrigues amoureuses ; enfin que tout n’y soit pas plein de poison, et semé de pièges, vous devez pourtant vous abstenir d’y aller, (je parle toujours avec saint Chrysostome) car ce n’est pas à des Chrétiens à passer le temps dans la joie, aux Disciples d’un Dieu homme qui n’a jamais pris sur la terre le moindre divertissement, à qui le rire a été inconnu, qui a donné au contraire sa malédiction à ceux qui rient, que l’Athlète qui étant dans la lice tout prêt d’en venir aux mains avec son adversaire, quitte le soin de le combattre pour prêter l’oreille à des folies, le démon nous attaque et tourne de tous côtés pour nous dévorer, il n’y a rien qu’il ne tente pour surprendre, il grince des dents, il rugit, il jette feu et flamme, et vous vous arrêtez tranquillement à ouïr ces extravagances, pensez-vous que ce soit par là que vous le surmonterez ? […] Les plus sages d’entre les Païens les ont traitées d’excès et de folie, ils n’ont souffert ces pernicieux passe-temps qu’à celles qui sont la corruption et la ruine des jeunes gens, non aux femmes pudiques, le S.
Mais dans trois jours vous allez voir la fausseté de ces prétextes, la ville entiere va courir au spectacle ; les rues, les maisons seront désertes ; on montera sur les toits, on se perchera sur les précipices pour les voir : pauvreté, affaires, infirmités, rien n’arrêtera cette folie, on vaincra tous les obstacles ; les gens casses de veillesse y courront avec plus d’avidité que les jeunes hommes les plus vigoureux, déshonoreront leurs cheveux blancs, & se couvriront de ridicule. […] En louant ces folies, on s’en tend complice, on en devient l’auteur, en engageant à les dire, & l’on mérite les plus grands supplices. […] Vous y allez les admirer, les voir & les entendre ; c’est le comble de l’opprobre & de la folie. […] Peut-on porter plus loin la folie ? […] Comment sentirez-vous vos péchés, comment vous en repentirez-vous, toujours enivré des folies des spectacles ?