Je sais tout : mais les circonstances peuvent seules me guider… Adelaïde, je me sens une résolution, dont je ne me serais guères crue capable : si quelquefois j’hésite ; si je me sens intimidée, je regarde mon fils, & la force me revient. […] Votre fille & mon fils ont fait bien des caresses à monsieur D’Alzan.
non Monsieur, le fils d’Harpagon qui le vole et lui manque de respect n’est pas plus criminel que son père. Tous les crimes du fils sont les siens puisqu’il en est la cause : et qu’en bonne logique on rend toujours la cause responsable de l’effet qui ne serait pas sans elle. […] Quand Molière donc fait voler un père par son fils, qu’il fait désirer à un valet l’occasion de voler son Maître, c’est pour apprendre aux avares de combien de maux ils se rendent la cause. N’est-il pas vrai que si Harpagon ne refusait pas à son fils jusqu’au nécessaire ; s’il ne portait pas la lésine jusqu’à l’envoyer boire une verre d’eau fraîche à la cuisine, quand il se trouve mal en sa présence, et cela d’un ton à faire croire que ce Vilain a même regret à cette dépense ; n’est-il pas certain en un mot que s’il n’était pas un monstre dans la société son fils ne commettrait pas les fautes qu’il commet et que ce père indigne de l’être en est le premier auteur ? […] Il est odieux qu’un fils vole son père, il est odieux qu’il lui manque de respect ; mais ne m’avouerez-vous pas que cela est mille fois plus excusable quand le père en est cause, que quand un fils est porté à ces excès par sa propre corruption ?