Des qu’une fille est née, on lui serre étroitement les pieds, comme les Negres écrasent le nez de leurs enfans, & les Sauvages leur serrent la tête pour la rendre pointue. […] Dieu lui-même veut bien en paroître touché, & en parlant de la vertueuse épouse dans le livre des Cantiques, il y dit avec une sorte d’admiration, que vos démarches sont belles avec votre chaussure, fille du Prince !
.° Le livre d’Esther fait un détail singulier du goût extrême qu’avoit pour les odeurs le voluptueux Roi de Perse ; on ramassoit dans ses vastes États les plus belles filles, mais avant de paroître devant lui, elles passoient une année entière à se parfumer, comme si on eut voulu leur incorporer les parfums : les premiers six mois se passoient à se baigner dans l’huile de myrrhe pour amollir la chair, ouvrir les pores & les mettre en état de recevoir les aromates dont on les parfumoit les autres fix mois, sex mensibus oleo ungebatur myrrhino, & aliis sex mensibus, unguentis & aromatibus utebantur . […] La beauté, la parure, la magnificence ne lui paroissoient pas suffisantes, il falloit encore charmer par les odeurs le Général Assyrien, 6.° Dans le détail que fait le Prophète de ce que le libertinage, & la vanité inspiroient aux filles Juives ; l’un de leurs crimes est leur fureur pour les odeurs, elles étoient pleines de cassolettes olfactoriis .