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37. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

ne viennent-ils pas y faire éclater les désirs & les feux dont ils sont dévorés ? […] Quels feux criminels ne peuvent point allumer les objets qu’on y voit, les discours passionnés qu’on y entend, les principes suborneurs qu’on y établit, soit qu’ils ne soient exprimés que par la voix d’un acteur qui paroît lui-même embrâsé de ces feux profanes, & qui les peint par ses gestes, son ton, ses regards ; soit que pour rendre la séduction encore plus efficace, ils soient soutenus & entremêlés d’une musique molle & voluptueuse ? […] Une femme Chrétienne, une femme honnête peut-elle se résouder à devenir ou l’objet de leur indécente critique, ou l’aliment du feu impur qui les dévore ? […] Vous en concluez l’innocence de ce divertissement ; & moi je devrois peut-être en conclure la corruption de votre cœur ; je devrois peut-être vous dire que si vous n’y avez pas perdu votre innocence, c’est que vous ne l’y aviez pas portée ; que si des objets si séduisans n’ont point allumé dans votre cœur le feu des passions, c’est qu’il en étoit déja tout consumé ; qu’enfin si le démon ne s’est pas servi de ce moyen pour vous attirer dans ses piéges, c’est qu’il étoit déja assuré de vous y tenir. […] Oui, c’en est un, sans doute ; parce qu’on ne peut sans péché, violer une loi de l’Eglise & paroître approuver ce qu’elle condamne ; parce qu’on ne peut s’exposer soi-même à la tentation, & attiser le feu de la concupiscence ; parce qu’enfin des personnes, sur-tout qui font profession de quelque régularité, de quelqu’attachement à la religion, ne peuvent sans péché se conformer à un monde pervers, & devenir pour leurs frères un sujet de scandale.

38. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Ce grand homme est semblable à la rose du printemps, au lys le long des eaux, à l’encens qui brûle dans le feu. […] Cirille, le feu de la volupté, le foyer du vice, l’hameçon de Vénus, l’appas de la luxure : Voluptatis incendium, Verneris hamus, nequitiæ fomes, luxuriæ dilinimentum . […] Le danger d’allumer dans les cœurs le feu de l’amour, a fait croire à quelques Casuistes qu’on ne devoit pas absolument s’en servir, même comme des remedes ; & quelques Philosophes ont porté la sévérité jusqu’à les exclure absolument. […] Aucune odeur sur les mers, sur les rivieres, dans les élemens, le feu, l’air, l’eau, la terre, les métaux, les fruits, le pain, les viandes ; les poissons n’en ont que par la cuison & l’assaisonnement, elle est bientôt passée. […] Généralement par-tout on voit le feu & le soufre de toutes les odeurs la plus piquante : Igne & sulphure in æternum cruciabuntur .

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