J’apprends dans le cours de l’impression de cet ouvrage que feu M.
On le prend aujourd’hui sur un ton différent & tres-artificieux ; on fait l’éloge de ce saint état, on en porte la sainteté, les rigueurs à l’excès, pour faire entendre que cette perfection est impraticable ; que ceux qui s’y sont engagés, la plupart malgré eux, par force ou par désespoir, y gémissent sous la haire & le cilice, dans des combats perpétuels, sans pouvoir vaincre les passions qu’ils y ont apportées ; que l’impossibilité de les satisfaire les rend malheureux toute leur vie, & la sainteté de leurs vœux, toujours coupables ; que l’état, tout saint qu’il est, ne fournit pas des moyens suffisans pour éteindre ces feux criminels ; qu’au contraire il en augmente la vivacité par les obstacles. […] Pénètre-toi des feux de la grâce invincible. La grace n’est point invincible, elle n’a point de feux, l’homme ne se pénètre pas lui même des feux. […] Il peint son crime par des traits qui en justifieroient le châtiment : J’ai pris pendant dix ans pour la religion, pour de saints mouvemens, mon feu, ma passion : Lorsqu’à Dieu j’ai cru rendre hommage, c’étoit toi, c’étoit toi dont j’adorois l’image.