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319. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Les faux Dieux ne paraissent plus sur nos théâtres, que comme des fantômes : Comme ils n’ont plus de crédit parmi les hommes, leur vie débordée ne peut servir d’excuse à qui fait mal ; mais la Comédie n’est pas pourtant sans danger, elle n’est pas si pure que les bonnes mœurs n’en soient choquées ; on lui souffre quelquefois des farces qui feraient rougir des Païens, il s’y dit des mots que si l’Enfer pouvait parler, il n’en dirait pas de plus mauvais. […] C’est trop relever le Jeu de le mettre en parallèle avec la joie, dont il n’est que le valet, et un valet qui n’est nécessaire qu’à certaines occasions : S’il était le père de la joie, il ne la troublerait pas, comme il fait souvent : partout où il serait, partout il l’engendrerait ; où nous expérimentons que ce serviteur infidèle lui fausse tous les jours la foi, et qu’au lieu de la défendre, il la combat. […] s’emportent bien plus avant ; du mensonge, ils vont au parjure : si on laisse la chose à leur serment, ils ont toujours gagné, et bien que quelquefois ils puissent être convaincus de faux ; la mauvaise habitude ne laissera pas de leur faire prendre Dieu à témoin de ce qu’ils assurent contre leur conscience, comme si Dieu et les Saints se devaient rendre coupables pour autoriser leur larcin. […] ne vaut pas mieux que Masque : Ce fut le nom d’un faux Dieu qui n’avait point d’autre emploi, que de piquer ses frères et censurer leurs actions ; il avait toujours le reproche en bouche et l’amertume dans le cœur. […] NDE Selon Cotgreave, le verbe supposer est utilisé pour parler de faire un faux, contrefaire; ici, on peut penser par exemple à des cartes marquées afin de tricher.

320. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

La Réligion de Léon n’étoit point austere, il s’attiroit le respect (non par des vertus, mais) par des cérémonies pompeuses, ses secretaires sembloient professer la philosophie, sceptique, (ce trait est faux) les comédies de l’Arioste & de Machiavel quoiquelles ne respectent pas la pudeur & la piété, furent souvent jouées dans sa Cour, en sa presence, & celle du sacré Collége, par des jeunes gens des plus qualifiés  ; (on pouvoit ajouter celles du Cardinal Bibiana qui ne valent pas mieux pour les mœurs) Ce qui offençoit la Réligion n’étoit pas apperçu dans une cour occupée d’intrigues & de plaisirs ; les affaires les plus graves ne deroboient rien à ses plaisirs. […] La foiblesse, la bassesse du vice efface tous les exploits, bien loin que les exploits vrais ou faux effacent la bassesse de la dépravation.

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