Si les Anciens ont poussé l’attention, sur cet article, jusqu’à défendre de réciter aux enfants des fables et des contes, qui renfermassent la moindre idée capable de les corrompre : s’ils ne ne permettaient pas même de les amuser par des allégories ; c’est qu’ils sentaient que les premières impressions, qui se font dans l’esprit des enfants, ne s’effacent jamais ; et que, dans un âge tendre, ils n’ont pas encore assez de pénétration pour distinguer l’allégorie de la vérité.
L’Evangile à l’esprit n’offre de tous côtés Que pénitence à faire et tourments mérités : Et de vos fictions le mélange coupable, Même à ses vérités donne l’air de la fable. » (Boil.) […] La sainteté de la religion fait mépriser la frivolité de la fable, les gens de bien en sont indignés ; ou, ce qui est plus ordinaire et bien triste, le goût de la corruption fait mépriser la sainteté de la religion. […] Vous ne me contez que des fables, disait le Prophète : Narraverunt mihi iniqui fabulatione sed non ut lex tua. » Jamais le théâtre ne peut employer convenablement les choses saintes, parce qu’il n’en a pas l’esprit, et qu’il en a un tout opposé. […] Vous ne me toucherez, disait Horace, qu’autant que vous serez le premier touché ; pleurez, si vous voulez me faire verser des larmes : « Si vis me flere, dolendum est prius ipse tibi. » « Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable, Il doit régner partout, et même dans la fable.