Au lieu de la nourriture de la vérité, et de la vertu même humaine, on ne se repaît que de chimères, de frivolité, de fables, de passions, de volupté.
Et celui qui se plaît à n’entendre que des fables, se plaira-t-il à entendre la vérité ? […] bannissant de vôtre mémoire jusqu’au souvenir des images du théâtre, ouvrez les Livres sacrés, & dites avec le Prophéte : Seigneur, les méchans m’ont raconté leurs fables, les inventions de leur esprit ; mais elles n’ont rien qui ressemble à vôtre loi divine : Narraverunt iniqui fabulationes, sed non ut lex tua. […] Le théâtre forme donc, il délasse l’esprit d’abord j’en conviendrai, si c’est former l’esprit de le repaître de vanités, de mensonges & de fables ; j’en conviendrai, si c’est former l’esprit de le remplir de sentimens outrés, qui font de l’héroïsme une chimere, qui enflent les passions jusqu’à rendre l’homme méconnoissable à l’homme même, & qui défigurent jusqu’à travestir en Romans toute l’Histoire ; & je défie personne de méconnoître le théâtre le plus châtié à ces traits.