La religion d’Élisabeth, plus libre que celle de Henri son père, conserva la Confession sacramentelle sans l’ordonner, les Fêtes, les jeûnes, les abstinences sans y obliger ; la présence réelle de Jesus-Christ dans l’Eucharistie sans impanation ubiquite ni transubstantation, la Hiérarchie ecclésiastique d’Évêques, Curés, Chanoines, Prêtres, Diacres, sans Chef universel de l’Église chrétienne, mais seulement un Chef particulier de l’Église d’Angleterre, & se donne elle-même hardiment pour Chef & Gouvernante de son Église ; la Communion sous les deux espèces sans nécessité de le recevoir ; le Clergé, sans dîmes, sans privilège qui les distingue des Laïques ; elle avoit grande envie de conserver des Cardinaux pour se faire à elle-même un sacré collège en écarlate ; elle vouloit encore conserver les images sans honorer ni invoquer les Saints ; elle croyoit les images propres à orner les Églises, & utiles à instruire les peuples ; mais les Protestans rigides s’y opposèrent si vivement qu’elle se rendit enfin avec peine. […] Ces deux Ambassades du Roi de France à la Reine, de la Reine d’Angleterre au Roi, faites avec la plus grande pompe, coûtèrent aux deux Cours des sommes immenses ; ce ne fut des deux côtés que fêtes, bals, comédies, réjouissances, pour attirer les grâces du Ciel, & célébrer saintement un si grand Sacrement.
Il est vraiv que l’on joue en des temps Saints, comme les jours de Fête et de Dimanche, et pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, ou, pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles et la Comédie paraissent peu propres et devraient ce semble, être défendus. […] On ne peut nier que ces sortes de fêtes ne blessent assurément la pureté des lieux consacrés à la sainteté même.