« C’est à regret (dit l’Editeur en parlant de Luther) que nous sommes obligés d’avertir que Mr de l’Avocat s’est éloigné dans cet article, de sa modération & de son impartialité ordinaire : que Luther étant sorti d’un Couvent, on ne devait pas être étonné qu’il eut conservé quelques manières monacales, & qu’il lui échappa en conversation & dans ses livres, des expressions libres, peu mesureés : » correctif pitoyable pour pâlir sa hardiesse & ses emportemens.
De la manière que je conçois cette passion terrible, son trouble, ses égarements, ses palpitations, ses transports, ses brûlantes expressions, son silence plus énergique, ses inexprimables regards que leur timidité rend téméraires et qui montrent les désirs par la crainte, il me semble qu’après un langage aussi véhément, si l’amant venait à dire une seule fois, je vous aime, l’amante indignée lui dirait, vous ne m’aimez plus, et ne le reverrait de sa vie. […] Voilà pourquoi les expressions sont toujours plus recherchées et les oreilles plus scrupuleuses dans les pays plus corrompus.