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2. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

N’est-il pas singulier que vous mettiez pour ainsi dire dans la balance les gestes, les regards, les efforts de poulmons, les coups de gosier d’un Acteur, avec vos plans, vos situations, vos expressions ? […] On va le faire voir en développant la nature de ces deux expressions. L’expression est l’art de représenter par des signes reçus des idées ou des actions passées, de les rendre sensibles par le langage, comme les couleurs les font revivre dans un Tableau. […] Telle est donc l’expression en eux. […] Enfin si l’expression d’accens n’est que l’art de communiquer des pensées écrites, & de retracer par le recit, ou par la représentation des actions intéressantes ou agréables, je n’y vois rien qui marque le lien prétendu qui unit l’expression littérale avec l’expression représentative ou du Comédien.

3. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [F] »

Sur les Théâtres de Rome & d’Athènes, l’expression du visage était interdite aux Comédiens par l’usage des masques ; & quel charme de moins ! […] Mademoiselle Lecouvreur, supérieure peut-être à Baron lui-même, sut rendre pathétique sa voix qui n’était pas harmonieuse ; sa taille n’était pas majestueuse, elle l’ennoblit par les décences ; ses yeux s’embellissaient par les larmes, & ses traits par l’expression du sentiment : son âme lui tint lieu de tout. […] Toutes les délicatesses de l’expression & du geste ne pouvaient être senties sur les vastes Théâtres des Anciens.

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