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63. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

 » Jésus-Christ qui veut bien être tenté dans sa personne, pour nous apprendre à souffrir l’épreuve de la tentation, et à y résister, permet que Satan expose à sa vue tout le vain éclat des richesses et des grandeurs, comme un exemple de ce que ce Père de mensonge doit faire un jour à notre égard. […] Comment, sous les lois d’un Evangile qui nous ordonne d’arracher notre œil, s’il nous scandalise, il nous sera libre de nous exposer au plus grand danger ? […] s’il nous est ordonné de faire un pacte éternel avec nos yeux, pour ne pas nous exposer à considérer un objet dangereux ; si, selon la sagesse éternelle, on a déjà commis l’adultère dans son cœur, lorsqu’on regarde une femme avec un œil d’envie ; s’il faut être en garde contre toutes les occasions qui nous environnent dans la crainte de nous laisser surprendre par le péché ; si, lorsqu’on aime le danger, on y périt, comment excuser les Théâtres qui présentent à la vue des Actrices chargées de tout l’attirail propre à séduire, qui ne retentissent que des charmes de l’amour, qui ne préconisent que les plaisirs des sens ; et qui ne s’annoncent qu’avec tous les attributs du luxe et de la volupté ? […] mes Frères, Jérôme a toute la peine possible à oublier, au milieu des images de la mort et de la solitude la plus profonde, les traces que les spectacles de Rome laissèrent dans son imagination ; Antoine courbé sous la haire et sous le cilice, a besoin de toute la grâce, et de tous ses efforts, pour résister à la violence des tentations qui l’assiègent ; Benoît continuellement appliqué à méditer les éternelles vérités, est obligé de se rouler dans les épines, pour ne pas consentir à de mauvais désirs, et l’on pourra sans risque, sans danger, sans scrupule, s’exposer aux périls d’un Spectacle où l’on n’aperçoit que des objets de séduction ? […] Lisez les Actes des Martyrs, et c’est là que vous verrez des membres palpitants sur des roues ; des corps mis en pièces par la rage des bourreaux ; des têtes séparées de leur tronc par l’activité d’un feu dévorant ; des hommes tout vivants couverts de bitume et de poix, allumés comme des torches pour servir de lumière aux passants ; des hommes exposés dans les Cirques et dans les Amphithéâtres, à la férocité des Tigres et des Lions, comme un Spectacle propre à amuser le Peuple et les Empereurs.

64. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

Le Conseil de Conscience soussigné estime, que les demandes de l’exposé dépendent d’une principale, qui est de savoir si la Comédie est une chose permise ou non ? […]  15. « Cohibeat se a ludis et a spectaculis sæculi, qui perfectam vult consequi remissionis gratiam, Dina si se cohibuisset, et si inter suos remansisset, ab extraneo raptore corrupta non fuisset. » , dit que pour obtenir le pardon entier de ses péchés, on doit s’abstenir des spectacles ; car si Dina ne s’était point exposée à voir ce qu’elle ne devait point voir, si elle eût demeuré parmi ses parents sans s’exposer au milieu du monde, elle n’aurait point été corrompue par un ravisseur. […]  » . « Et de regarder volontairement, dit-il, ces sortes de choses, c’est un péché mortel, tant parce que c’est prendre plaisir à des choses sales, que parce que le spectateur s’expose de plein gré au péril de la tentation. […] L’on voit par tout ce raisonnement, qu’on ne doit point comparer, comme on a fait dans l’exposé, la Comédie dont le sujet serait malhonnête, ou bien dans laquelle on représenterait quelque passion violente, avec un tableau qui représenterait l’une de ces choses. […] Il faut remarquer que l’on ne joue pas la Comédie pour une seule personne ; c’est un spectacle que l’on expose à toute sorte d’esprits dont la plupart sont faibles et corrompus, et à qui par conséquent il est extrêmement dangereux.

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