Elles étoient obligées de s’y rendre à dix heures du matin & d’en sortir à six heures du soir en hiver, & à neuf heures en été : défense absolue d’exercer leur métier ailleurs que dans leurs clapiers, même chez elles. […] Ils en profitèrent pour se faire regarder comme le premier corps de l’Etat, & pour achever d’exercer toute autorité sous le despotisme de la superstition.
Les Grecs qui étaient un peuple voluptueux et oisif, passaient toute la journée à entendre des Vers et des Harangues ; les Cordonniers, les Forgerons, les Tailleurs, les Maçons, ceux qui exerçaient les métiers les plus vils, confondus avec ceux qui remplissaient les premières Charges de la République, décidaient au Sénat et à l’Amphithéâtre, de l’esprit et du mérite des Orateurs et des Poètes, et faisaient valoir par leurs suffrages, ou décréditaient une Harangue, ou une Comédie. […] La cruauté qu’Ulysse exerça contre Astyanax ; les massacres que Pyrrhus fit des enfants de Priam, les parricides d’Atrée et de Tantale ; toutes ces actions pleines d’horreur, qui étaient si fort au goût des Anciens, ne seraient pas maintenant souffertes sur notre Théâtre, et il faut les dérober aux yeux du spectateur.