On les dit d’ordinaire par esprit de vanité, pour être estimé gentil, de belle humeur et habile homme, qui sait bien entretenir et réjouir une compagnie. Parmi des paroles de facéties on y glisse quelquefois des paroles sales, non pas expressément et à découvert, mais équivoques, à double entente, et la pointe qui en est l’équivoque fait que l’esprit de ceux qui l’entendent, s’y attache plus longtemps pour en considérer et admirer la subtilité. […] Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.
L’esprit ne va pas immédiatement à l’esprit, il n’y va que par l’entremise des sens, & s’ils trouvent sur leur pas quelque être matériel de leur goût, l’esprit est pris au piege, comme l’oiseau, par l’appas du plaisir. […] L’amour pur, qui est à la pointe de l’esprit devant une gorge découverte, une Actrice parée, une danseuse de l’opéra ; un amour alambiqué dans les foyers, les coulisses, les cellules, les loges est un délire. […] C’étoit une femme de beaucoup d’esprit. […] Ce n’est qu’un esprit fort, un Philosophe stoïcien, un Théiste. […] Le discours le plus libre est moins dangereux, il ne peint qu’à l’esprit, il demande du temps & de l’attention, il s’envole, il choque le plus souvent, ou on fait semblant de s’en choquer.