La Tragédie est un tableau d’Histoire ; la Comédie est un portrait ; non le portrait d’un seul homme, comme la Satyre, mais d’une espèce d’hommes répandus dans la Société, dont les traits les plus marqués sont réunis dans une même figure. […] Tels sont les trois genres de Comique, parmi lesquels nous ne comptons ni le Comique de mots, si fort en usage dans la Société, faible ressource des esprits sans talens, sans étude & sans goût ; ni ce Comique obscène qui n’est plus souffert sur notre Théâtre que par une forte de prescription, & auquel les honnêtes-gens ne peuvent rire sans rougir ; ni cette espèce de travestissement, où le Parodiste se traîne après l’original, pour avilir, par une imitation burlesque, l’action la plus noble, la plus touchante ; genre méprisable, dont Aristophane est l’auteur. […] La politesse gaze les vices ; mais c’est une espèce de draperie légère, à travers laquelle l’œil clairvoyant des autres les découvre sans peine.
« L’auteur de la vérité, dit Tertullien, n’aime point le mensonge : et tout ce qui tient de la fiction passe devant lui pour une espèce d’adultère. […] Paul, l’attachement que l’on a aux richesses est une espèce d’idolâtrie ; celui que l’on a au plaisir en est une d’autant plus dangereuse, qu’elle engage l’homme à se sacrifier lui-même à la volupté, qui est la plus infâme de toutes les idoles. […] sans doute ce qui a fait dire à Salvien, que c’est comme une espèce d’apostasie de la foi, et une prévarication mortelle de ses sacrements, que d’aller à la comédie. « Car quelle est, dit-il, la première profession que font les Chrétiens dans le baptême ?