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50. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Thomas, il n’y a rien de si facile que de résoudre les questions morales et les cas de conscience, quand on les considère en la thèse ou selon la théorie, dans leur genre ou dans leur espèce, parce qu’une action morale n’est bonne, mauvaise ou indifférente en son espèce, que par le rapport qu’elle a à son objet, selon qu’il est bon, ou mauvais, ou indifférent ; mais il n’y a rien de si malaisé que de résoudre ces mêmes questions en particulier et en hypothèse, parce qu’une action n’est pas bonne en l’individu seulement par son objet, mais par l’assemblage de toutes les circonstances nécessaires, et qu’il ne faut que l’absence d’une bonne circonstance, ou la rencontre d’une mauvaise, pour rendre vicieuse une action qui de soi serait bonne ou indifférente : Bonum ex integra causa, malum ex quolibet defectu.

51. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Grégoire de Nice parle d’une teinture d’or en usage de son tems, dont on enduisoit les cheveux comme on les enduit d’essence, c’étoit une espece de vernis appliqué sur les cheveux, qui faisoit un meilleur effet que la poudre, apparemment de-là étoit venue l’ancienne coutume de dorer en entier les statues des Saints, sans laisser la couleur de la chair, même aux pieds, aux mains & au visage. […] Tout est dit, le tour, le style qui semblent diversifier la pensée, & en donner des nouvelles, ne sont qu’une espece de fard ; quand on les en dépouille pour les reduire à leur juste valeur, on peut bien dire le masque tombe l’homme reste, la nouveauté s’évanouit. […] On peignoit une chevelure sur la tête chauve, ou bien rasée, ou immédiatement sur la peau, ou sur un enduit de pommade, ou d’une espece de plâtre dont on faisoit une calote ; il ne faloit alors qu’une éponge pour rasoir, qui en delayant les couleurs ou le plâtre, laissoit la tête rase ; on se faisoit de même une barbe & une moustache, comme les sauvages de l’Amérique, qui se peignent la face, & les masques de la populace, qui courent les rues, avec un visage barbouillé. 2°. Pour imiter les cheveux, on donnoit de la consistance à cette espece de plâtre, on le faisoit descendre le long du col, & on y peignoit des tresses de cheveux, comme nos bourses, nos queues, nos perruques à deux ou trois marteaux, ce que Martial appelle Calvam trifilem vel tripalem semitatus unguento . […] Messaline se servoit de cette espece de masque : Crinem abscondente galero .

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