On y voit passer comme sur ces verres qui se succèdent rapidement pour représenter diverses couleurs et diverses figures, toutes les vanités du siècle, et toutes ses erreurs. […] Quelle profession en effet que celle d’apprendre à tromper les hommes, à séduire la jeunesse, à mépriser des parents, à vivre dans le crime, à flatter les passions, à honorer les vices, à accréditer les erreurs ! […] Les vers se gravaient dans votre mémoire, et les sentiments dans votre cœur, de sorte que vous ne respiriez plus que les mêmes vices et les mêmes erreurs qu’on mettait sur la scène, et qu’on travestissait. […] N’attendez donc des Spectacles que des vices et des erreurs ; et croyez que s’ils sont l’écueil de l’innocence, il sont encore celui de la Religion, seconde raison qui doit vous en inspirer toute l’horreur.
Descartes et Gassendi ont découvert des vérités qu’Aristote ne connaissait pas : Corneille a trouvé des beautés pour le Théâtre qui ne lui étaient pas connues : nos Philosophes ont remarqué des erreurs dans sa Physique : nos Poètes ont vu des défauts dans sa Poétique, pour le moins à notre égard, toutes choses étant aussi changées qu’elles le sont. […] C’était par ces Dieux, ces Oracles, ces Devins, qu’on voyait régner au Théâtre un esprit de superstition et de terreur, capables d’infecter le genre humain de mille erreurs, et de l’affliger encore de plus de maux.